Inondations en Guinée : une crise aggravée par l’inaction collective
En Guinée, les inondations récurrentes révèlent l’inaction collective. Urgence d’agir : citoyens, autorités et médias doivent unir leurs efforts.
Un an après le reboisement de la forêt de Kakimbo en Guinée, les résultats sont mitigés : manque de suivi, implication locale insuffisante, impact limité
Le 13 juillet 2024, le gouvernement guinéen lançait une vaste campagne de reboisement sur plusieurs sites menacés à travers le pays. Près d’un an plus tard, le bilan est toutefois mitigé.
La restauration du couvert végétal figure parmi les priorités des autorités guinéennes, décidées à lutter contre la dégradation croissante des écosystèmes. À Conakry, la forêt de Kakimbo, l’un des derniers espaces verts de la capitale, a été ciblée par cette initiative. Victime d’une pression humaine croissante, elle a bénéficié d’une opération de reboisement dans le cadre de cette campagne nationale.
Le Premier ministre, Amadou Oury Bah, avait donné le coup d’envoi des activités, avec pour objectif la plantation de 5 000 arbres sur une superficie de deux hectares. Mais sur le terrain, un an après, le constat actuel révèle une réalité plus contrastée.
Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) avaient participé à l’opération. Parmi elles, il y a l’ONG Entre-Prendre qui affirme avoir planté au total 5 555 arbres sur cinq hectares, dont une partie sur le site de Kakimbo. « Lors de nos visites, nous avons constaté une zone totalement dépourvue d’arbres. Nous avons utilisé une partie de nos surplus de plants pour reboiser cette zone », a expliqué Aboubacar Mayenie Camara, responsable des programmes de l’ONG, lors d’une rencontre avec un contributeur d’IdimiJam.com.
L’ONG Agir pour le réchauffement climatique (ACOREC) a, pour sa part, indiqué avoir planté 4 444 mélinas à la demande du ministère de l’Environnement. « Notre organisation a contribué de manière significative à la campagne. À ce jour, nous estimons que le bilan est positif », a déclaré Mamadou Aliou Diallo, chargé des relations extérieures de l’ONG.
Mais sur le terrain, les résultats sont nuancés. Les objectifs semblent loin d’être atteints. Sur les 144 flamboyants plantés à Kakimbo par l’ONG Entre-Prendre, seule une dizaine présente un bon développement. Aboubacar Mayenie Camara estime néanmoins que 82% des plants sont encore en vie. « Certaines pertes sont liées à la saison sèche. Mais les espèces choisies sont résistantes et demandent peu d’eau », a-t-il précisé.
Des riverains ayant assisté à la plantation évoquent un manque de suivi après la mise en terre. « Depuis la campagne, personne n’est revenu entretenir les arbres. Sans entretien, il est difficile qu’ils survivent », estime un citoyen sous le couvert de l’anonymat.
Pour l’expert en environnement Abdoulaye Sadio Diallo, l’absence d’implication des communautés locales explique en grande partie les limites de la campagne. « Il faut responsabiliser les populations vivant autour des zones concernées. Ce sont elles qui peuvent entretenir les plants sur le long terme », a-t-il assuré. Il critique également l’approche descendante observée sur le terrain : « Des acteurs extérieurs interviennent dans des zones qu’ils ne maîtrisent pas. À Dubréka, par exemple, des plants ont été mis en terre dans un champ d’arachides, détruisant la culture existante ».
Le chercheur regrette par ailleurs le manque de rigueur dans l’évaluation des résultats. « À ce jour, personne ne peut indiquer clairement les zones reboisées qui conservent encore les plants mis en terre. Les promoteurs manquent souvent de professionnalisme et l’absence de suivi empêche toute mesure d’impact », a-t-il souligné.
Pour renforcer l’efficacité des campagnes futures, des pistes de solution sont proposées. Aboubacar Mayenie Camara suggère que le Fonds de l’Environnement et du Capital Naturel (FECAN) dispose de ses propres pépinières pour fournir aux ONG des plants de qualité à moindre coût. Abdoulaye Sadio Diallo appelle, quant à lui, à une meilleure répartition des responsabilités et à l’identification de référents locaux pour chaque opération.
Malgré l’élan initial observé lors du lancement, la campagne de reboisement 2024 peine à tenir ses promesses à Kakimbo. Des acteurs du secteur appellent à une révision en profondeur de la stratégie, en mettant un accent sur le suivi, la formation et l’implication communautaire.
Mamadou Gongorè Diallo