Inondations en Guinée : une crise aggravée par l’inaction collective
En Guinée, les inondations récurrentes révèlent l’inaction collective. Urgence d’agir : citoyens, autorités et médias doivent unir leurs efforts.
À Kouroussa, en Haute-Guinée, l'exploitation artisanale de l'or provoque une grave dégradation de l’environnement. Pollution, déforestation et insécurité inquiètent les habitants face à l’inaction des autorités.
Autrefois source de revenus pour de nombreuses familles, la préfecture de Kouroussa, l’une des principales zones aurifères de la région de Kankan en Haute-Guinée, est aujourd’hui confrontée à une grave menace pour son environnement et ses habitants. Dans le Hamana, plusieurs marigots et cours d’eau sont fortement dégradés par les activités humaines, en particulier l’exploitation artisanale de l’or.
Interrogés sur la question, des citoyens expriment leur inquiétude face à cette dégradation alarmante. Puits abandonnés, pollution des eaux, déforestation accélérée et insécurité figurent parmi les fléaux dénoncés. « Notre environnement est gravement impacté par l’exploitation minière. Les gens s’installent n’importe comment, sans aucune réglementation préalable. Nos marigots, cours d’eau et rivières tendent pratiquement vers la disparition », déplore Moussa Condé, rencontré près de la Maison des jeunes de Kouroussa.
De son côté, Amadou Secteur Barry, ancien responsable des mines et carrières dans la région, se dit inquiet face à la situation environnementale actuelle. « J’avoue que ce qui se passe aujourd’hui à Kouroussa est très inquiétant. L’exploitation anarchique des mines artisanales met en danger non seulement l’environnement mais aussi la santé des populations locales. Quand j’étais à la direction des mines et carrières, nous avions réussi à imposer un certain nombre de règles, mais leur application était extrêmement difficile », confie-t-il.
Cet ingénieur rappelle par ailleurs les recommandations qui avaient été formulées pour encadrer les activités minières. « À l’époque, nous avions proposé la délimitation stricte des zones d’exploitation, le contrôle des produits chimiques comme le mercure, et la mise en place de comités de veille dans chaque localité concernée. Malheureusement, ces mesures sont restées lettre morte. Les exploitants ont politisé la question et continuent leurs activités sans véritable contrôle. Ce qui est sûr, c’est qu’à l’heure actuelle, la dégradation de l’environnement est une réalité », regrette-t-il.
Moussa Condé appelle les autorités à agir fermement pour sauver l’environnement. « Je demande aux autorités locales d’agir sans état d’âme contre ceux qui dégradent notre environnement. Il faut les traduire devant la justice. Je pense que c’est la seule solution pour décourager ces pratiques nuisibles », conclut ce citoyen.
Facély Sanoh