N’Zérékoré : l’abattoir préfectoral en ruine, les riverains suffoquent…
L’abattoir préfectoral de N’Zérékoré, en ruine, empoisonne le quotidien des riverains entre odeurs pestilentielles et risques sanitaires majeurs.
L’abattoir préfectoral de N’Zérékoré, en ruine, empoisonne le quotidien des riverains entre odeurs pestilentielles et risques sanitaires majeurs.
Construit en 2011, l’abattoir préfectoral de N’Zérékoré est aujourd’hui dans un état de délabrement avancé. Entre murs fissurés, odeurs insoutenables et conditions d’hygiène déplorables, les habitants du quartier Nakouyakpala tirent la sonnette d’alarme et réclament la délocalisation immédiate du site.
À des mètres de l’abattoir, l’air devient irrespirable. Ce bâtiment, censé garantir un abattage sain du bétail pour alimenter la ville en viande, est devenu un véritable calvaire pour les riverains.
L’intérieur de l’abattoir dégage une odeur nauséabonde, les murs sont délabrés et le hangar en ruine. Dans cet environnement insalubre, les bœufs sont pourtant abattus chaque jour. Une viande ensuite vendue sur les marchés de la ville, sans aucune garantie sanitaire. Les habitants de Nakouyakpala dénoncent une situation invivable.
Alphonse Haba, résident du quartier Nakouyakpala, décrit la situation avec un mélange de colère et de désespoir. « On souffre tous les jours avec cet abattoir. L’air est irrespirable, l’odeur est insupportable, on ne peut même pas ouvrir nos fenêtres. Franchement, ça peut nous rendre malades, surtout les enfants et les personnes âgées. Nous demandons à l’État d’agir vite et de déplacer cet abattoir », lance-t-il.
Jean Loua, un autre habitant, ne cache pas aussi son exaspération : « C’est un véritable enfer pour nous. On ne peut pas vivre normalement ici. Même pour sortir, on retient sa respiration. Les autorités doivent vraiment déplacer cet abattoir loin des habitations avant que la situation ne devienne catastrophique ».
Interrogé sur la situation, l’environnementaliste Mamadou Baïlo Baldé alerte sur les dangers écologiques et sanitaires qui plane autour de cet abattoir. « À 100 mètres de l’abattoir, l’odeur est déjà insupportable. Elle peut provoquer des allergies ou d’autres problèmes de santé. Il y a aussi la pollution des sols due aux déchets organiques en décomposition. L’État devrait équiper la ville d’abattoirs modernes avec des dispositifs pour le traitement des déchets », dit-il.
Le spécialiste suggère notamment de transformer les déjections animales en engrais, d’incinérer les ossements dans des fosses dédiées et de renforcer l’hygiène sur le site. « On aime tous la viande, mais pas dans ces conditions ! », déplore-t-il.
Face à cette situation alarmante, le directeur préfectoral de l’Agriculture et de l’Elevage de N’Zérékoré, Djenémassadi Keïta, reconnaît l’état de délabrement avancé du site, apportant des précisions : « Nous avons deux abattoirs pour les gros ruminants : l’un à Nakouyakpala, l’autre récemment construit à Loulé, dans la sous-préfecture de Yalenzou. Celui de Nakouyakpala est totalement vétuste, il ne répond plus aux normes. On ne parle même plus de rénovation, mais de reconstruction ».
Selon lui, la hiérarchie est déjà informée. Mais aucune action concrète n’a encore été engagée pour soulager les populations riveraines ou assurer une meilleure qualité sanitaire de la viande distribuée.
La situation de l’abattoir préfectoral de N’Zérékoré soulève des questions de santé publique, de dignité humaine et de respect de l’environnement. Les autorités locales reconnaissent le problème, mais les riverains continuent de subir quotidiennement les nuisances. Un cri d’alarme qui mérite d’être entendu avant que la situation ne se transforme en catastrophe sanitaire.
Gilbert Tinguiano