Saran Sidibé, manchot et joueuses de football professionnelle

Saran Sidibé, manchot et joueuses de football professionnelle

Saran Sidibé, footballeuse guinéenne amputée du bras gauche, incarne la force et la détermination. Son parcours inspire le monde du football féminin.

Son histoire est à la fois atypique et héroïque. La vie de Saran Sidibé est le prototype de la résilience et du don de soi pour atteindre son objectif. Née en 2001, la jeune fille s’est vue amputée son bras gauche à la suite d’un accident de la circulation sur la route de Korhogo, en Côte d’Ivoire, où elle vit avec sa famille depuis des années. En séjour à Kankan auprès de ses parents, elle est largement revenue sur cet accident tragique, sa carrière, ses ambitions et son regard sur le football féminin guinéen.

Elle a été l’une des sensibilisations du tournoi international féminin disputé au stade M’ballou Mady Diakité Glao de Kankan. Défenseure malgré son handicap, Saran Sidibé marque sa présence à chaque rencontre de son équipe face aux équipes adverses. Ce qui lui a valu le respect et la considération de la majorité des joueuses et encadreurs de son club. Elégance, aisance dans la communication, Saran Sidibé accumule autant de qualités humaines et intellectuelles

Retour sur ses débuts dans le football

Quand elle parle, on a l’impression que c’était justement son destin. Pourtant, tout n’a pas été rose surtout après son accident de la circulation. « Ma carrière de footballeuse a débuté depuis le bas-âge. J’étais très accro au petit écran et je trouvais du plaisir à suivre les matchs de football. Le début n’a pas été facile après mon accident. Mais avec mon insistance, on m’a acceptée et ce qui continue jusqu’à ce jour. J’ai commencé le football au centre de formation CFAD, ensuite, j’ai rejoint le Racing Club d’Abidjan et depuis quatre ans, je joue pour Dory Club qui évolue en première division ivoirienne. Je suis défenseuse centrale et j’ai régulièrement joué la saison dernière malgré mon handicap. J’ai la confiance du staff, du coach et de mes coéquipiers », explique-t-elle avec fierté.

Un accident qui a fait basculé sa vie

C’est en route pour rejoindre la Côte-D’Ivoire au terme d’un court séjour ici en Guinée que la vie de Saran Sidibé a basculé à la suite à un accident de la circulation. Ce jour-là, son bras gauche a été amputé dans une structure hospitalière ivoirienne. Aujourd’hui, elle tente d’oublier ce jour malheureux et se fixe sur ses objectifs. « Je ne suis pas née comme ça. Je me portais à merveille comme toute autre jeune fille normale. Tout cela est arrivé suite à un accident sur la route de Korhogo en provenance de la Guinée. Je ne veux plus me rappeler de ce jour car, c’est déjà fait. Ce n’est pas la fin du monde. On peut faire beaucoup de choses malgré le handicap. Il faut juste se surpasser et se concentrer sur ses objectifs. Travailler très dur, surtout ne pas penser à mendier. Il faut avoir un mental et un esprit fort et ne pas s’occuper de ce que les gens disent et racontent », souligne la jeune footballeuse avec beaucoup de sourires.

Soutien familial

Si elle est parvenue au haut niveau, Saran Sidibé reconnaît la place de la famille dans cette dure épreuve. 

 Elle dit avoir bénéficié du soutien de tout le monde, notamment sa mère. « Elle est mon soutien et grâce à cela, je performe en club et parcours. Tous mes frères aussi sont là et cela depuis belle-lurette », se réjouit-elle.

Football et handicap physique

Le football, Saran Sidibé le vit tous les jours. Dans le championnat féminin ivoirien, elle s’est fait un emploi du temps. Tôt le matin, elle aide sa mère à faire quelques activités avant de prendre le chemin du stade. Aucune différence avec les autres filles. D’ailleurs, elle joue dans un poste assez stratégique malgré les regards de beaucoup de personnes. « Ce n'est pas un frein pour l’épanouissement de mon football. D’ailleurs, je ne pense pas à cela. Je cherche mon avenir et je suis très à l’aise sur les pelouses. J’ai de très bons rapports avec mes coéquipiers et personne ne me parle de handicap. C’est l’essentiel et le reste m’importe », insiste notre interlocutrice.

Au-delà du football, Saran Sidibé suit une formation en BTS. Elle exerce donc ces deux activités pour dit-elle pouvoir obtenir du travail au terme de sa carrière sportive. « Cumulativement, je suis étudiante en BTS à Abidjan même si  l’année dernière, j’avais décidé de me concentrer sur le championnat. Mais à la prochaine ouverture, je vais repartir en classe pour poursuivre mes études et obtenir un diplôme. J’ai décidé de reprendre les cours car il faut rêver grand. Je veux travailler au terme de ma carrière de joueuse », nous a indiqué cette jeune dame.

Selon les dires de Saran Sidibé, son rêve est de défendre les couleurs de la Guinée avec le Syli national féminin. Aura-t-elle cette opportunité ?, l’avenir nous édifiera.

Michel Yaradouno