Thierno Ibrahim Diallo : « L’Afrique n’a pas besoin de suivre, elle peut créer ses propres solutions »

Thierno Ibrahim Diallo : « L’Afrique n’a pas besoin de suivre, elle peut créer ses propres solutions »

Entretien exclusif avec Thierno Ibrahim Diallo, fondateur de Lengo Pay, à l’occasion du GITEX AFRICA 2025. Il partage sa vision d’une innovation numérique africaine inclusive.

À l’occasion de sa participation au GITEX AFRICA 2025, le fondateur de Lengo Pay et d’EASY LINK GUINEA, Thierno Ibrahim Diallo, revient pour IdimiJam.com sur son parcours, sa vision de l’innovation en Afrique, et les prochaines étapes de la fintech guinéenne.

IdimiJam.com : Vous êtes aujourd’hui l’un des visages de la tech guinéenne. D’où vient votre engagement dans le numérique ?

Thierno Ibrahim Diallo : Je suis originaire de Timbi-Madina, préfecture de Pita, dans la région de Mamou. J’ai fait mes études secondaires à Conakry, puis à Dakar. Mon engagement est né d’un constat simple : la technologie peut transformer nos vies, mais encore faut-il qu’elle soit pensée pour nos réalités locales. C’est ce qui m’a conduit à créer EASY LINK GUINEA en 2012, pour développer des solutions numériques utiles, accessibles et durables.

Votre solution Lengo Pay est aujourd’hui un projet phare. Rappelez à nos lecteurs ce que propose concrètement cette solution.

Lengo Pay est une solution de paiement digital, mais c’est bien plus que ça. Elle permet de faire des transactions via Mobile Money, carte bancaire ou wallet, mais elle propose aussi un écosystème complet : des liens de paiement, des outils pour freelances, des solutions pour ONG, des boutiques en ligne sans code, ou encore des paiements groupés sans commission. L’enjeu, c’est l’inclusion financière, pour les petits commerçants, les jeunes entrepreneurs, les coopératives rurales...

Vous venez de participer au GITEX AFRICA 2025. Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?

Beaucoup d’espoir. Être présent à Marrakech, aux côtés d’acteurs comme Guinuty ou des startups venues de tout le continent, c’était un message fort : l’Afrique n’est pas en retard, elle innove. Ce fut aussi l’occasion de tisser des partenariats, d’avoir des retours concrets, et de présenter notre vision. L’intervention d’Olufemi White d’Alami Capital, qui a salué notre approche inclusive, a été un moment fort.

Vos produits sont-ils pensés uniquement pour la Guinée ou avez-vous une ambition panafricaine ?

Notre point de départ est local, mais notre ambition est continentale. Nos solutions comme Lengo 360 (ERP), Lengo Prime (vente de contenus digitaux) ou Lengo SMS sont conçues pour être déployées dans plusieurs pays africains. Nous croyons en une Afrique qui crée ses propres technologies, adaptées à ses besoins, avec des modèles économiques inclusifs.

Quel rôle souhaitez-vous jouer dans l’écosystème numérique africain ?

Celui d’un catalyseur. Je crois à la co-construction, au partage de revenus, à l’éducation numérique. Je collabore aussi avec des institutions pour défendre la régulation, l’interopérabilité, la souveraineté numérique, etc. Et au-delà de l’entrepreneuriat, j’ai une ambition citoyenne : contribuer à une gouvernance plus moderne, plus connectée aux réalités des populations.

Un mot pour les jeunes qui veulent entreprendre dans la tech en Afrique ?

N’attendez pas d’avoir tout pour commencer. Entourez-vous, formez-vous, testez vos idées. L’Afrique n’a pas besoin de suivre, elle peut créer ses propres solutions. Et surtout, restez proches du terrain. C’est là que tout se joue.

Propos recueillis par Alpha Oumar Baldé