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En Guinée, Assiatou Diallo, apprentie vitrière, défie les stéréotypes et incarne l’émancipation des femmes dans les métiers techniques.
Dans un métier longtemps considéré comme exclusivement masculin en République de Guinée, Assiatou Diallo fait figure d’exception. Brisant les stéréotypes de genre pour tracer sa propre voie professionnelle, elle est apprentie vitrière dans l’atelier de Maître Thierno Ibrahima Diallo, situé dans la banlieue de Cosa, à quelques mètres du carrefour communément appelé « plaque Celcom ».
Entre passion, difficultés et détermination, cette jeune femme apprend depuis un an et trois mois à réparer, fabriquer et installer des vitrines, des fenêtres, des étagères… et des portes en verre. Symbole d’émancipation féminine et preuve que les femmes sont tout aussi capables que les hommes dans les métiers dits techniques, Assiatou incarne une nouvelle génération de travailleuses prêtes à bousculer les préjugés.
Issue d’une famille modeste, elle confie avoir toujours été fascinée par la vitrerie : « Souvent, lors de mes promenades, je regardais les vitrines, les portes ou les fenêtres en verre. À chaque fois, j’étais excitée et l’envie d’apprendre me submergeait, surtout quand je passais devant un atelier de vitrerie. Après avoir échoué deux fois au BEPC et faute de moyens financiers pour poursuivre mes études, ma mère a décidé de m’inscrire dans ce métier, comprenant que c’était ce que je voulais réellement faire, et non la couture qu’elle m’avait d’abord recommandée », raconte-t-elle.
En Guinée, malgré l’intérêt croissant des femmes pour des métiers dits « masculins » comme la mécanique ou la vitrerie, l’acceptation sociale reste problématique. Un frein majeur à l’inclusion et à l’égalité professionnelle.
« Quand ma mère m’a inscrite à l’atelier, mon père a très mal réagi. Pour lui, c’était inconcevable de voir sa fille travailler au milieu d’hommes. Heureusement, grâce à ma mère, il a fini par accepter. Aujourd’hui, il me soutient et m’encourage, même si au départ cela n’a pas été facile », explique Assiatou.
Mais les réticences ne venaient pas seulement de sa famille. À l’atelier, son arrivée n’a pas été accueillie à bras ouverts. « Mon maître principal ne voulait pas m’accepter. Pour lui, ce n’estt pas un travail pour femme et que je ne serais pas sérieuse dans l’apprentissage et finirais par abandonner à cause du découragement, du mariage ou d’une grossesse. Il a fallu l’intervention de son grand frère, Maître Thierno, qui est aussi propriétaire de l’atelier, pour qu’il m’accepte finalement », raconte-t-elle.
Seule fille au milieu de sept apprentis garçons, Assiatou a aussi dû affronter les moqueries et les remarques décourageantes. « Au début, c’était une vraie bataille. On me répétait sans cesse que ce n’était pas un travail pour une femme, que je n’allais pas tenir physiquement et que je ferais mieux d’aller faire de la couture ou de la coiffure comme mes amies. Même mes camarades me disaient de trouver autre chose, car c’est un univers purement masculin. Ça a failli me décourager, mais mon amour pour ce métier et mon courage m’ont permis de continuer. Aujourd’hui, je suis toujours là, et je ne regrette pas », confie-t-elle, un large sourire aux lèvres.
Appréciée par son maître, qui la décrit comme « pleine de ressources, brave et déterminée », Assiatou ambitionne de suivre des formations de perfectionnement à l’étranger avant d’ouvrir son propre atelier.
Assiatou Diallo lance un appel aux femmes qui souhaitent se lancer dans des métiers techniques : « Il faut le faire par conviction et sérieux, et non par simple effet de mode ou pour copier les autres », conseille-t-elle.
Elle plaide aussi pour une meilleure sensibilisation de la société et l’adoption de politiques publiques en faveur de l’inclusion des femmes dans les métiers techniques et manuels : « Il faut encourager les femmes et leur donner des opportunités égales. Nos autorités doivent mettre en place des politiques d’accompagnement pour promouvoir l’égalité professionnelle dans notre pays ».
Morlaye Keita