Le professeur Laskri Mohamed Tayeb décrypte les opportunités et les dérives de la révolution de l’IA

Le professeur Laskri Mohamed Tayeb décrypte les opportunités et les dérives de la révolution de l’IA

En parallèle du Sommet international pour l’action sur l’Intelligence artificielle ouvert à Paris, lundi 10 février 2025, le professeur Laskri Mohamed Tayeb, recteur de l’Université Kofi Annan de Guinée et directeur du Master en Intelligence artificielle et Sciences des données, a souligné les opportunités et les défis liés à l’IA

En parallèle du Sommet international pour l’action sur l’Intelligence artificielle ouvert à Paris, lundi 10 février 2025, le professeur Laskri Mohamed Tayeb, recteur de l’Université Kofi Annan de Guinée et directeur du Master en Intelligence artificielle et Sciences des données, a souligné les opportunités et les défis liés à l’IA, notamment en matière de désinformation et de manipulation de l’information.

Les atouts majeurs de l'IA

L'intelligence artificielle (IA) s'impose comme un moteur de transformation dans de nombreux domaines, notamment l'enseignement supérieur, la médecine et l'analyse de l'information. Cependant, son développement fulgurant pose des problèmes éthiques et sociétaux majeurs.
L'IA offre des possibilités extraordinaires, révolutionnant des secteurs clés tels que la médecine, l'éducation et la recherche d'informations.
Comme l'a souligné le professeur Tayeb, les avancées en intelligence artificielle ont permis des progrès notables en détection précoce de maladies, notamment dans le domaine du cancer. Grâce à l'entraînement d'algorithmes sur des bases de données médicales, les systèmes intelligents peuvent repérer des anomalies invisibles à l'œil humain, améliorant ainsi les diagnostics et les chances de traitement.
CCFG
Dans l'enseignement supérieur, l'IA pourrait transformer les méthodes pédagogiques en optimisant l'apprentissage et en proposant des outils adaptés à chaque étudiant. Le professeur Tayeb plaide pour une intégration systématique de l'IA dans les formations universitaires, qu'il s'agisse de droit, d'économie ou de sciences appliquées. « En permettant une analyse précise des besoins et des compétences, ces technologies pourraient personnaliser l'enseignement et améliorer l'efficacité de l'apprentissage ».
Les outils d'IA facilitent la recherche et le traitement de l'information. La reconnaissance vocale et la synthèse automatique permettent d'accélérer l'accès à des contenus pertinents, optimisant ainsi la prise de décision et la productivité dans plusieurs secteurs.


Les risques de désinformation et les dérives éthiques

Malgré ces avancées prometteuses, l'utilisation de l'IA soulève d'importantes préoccupations, notamment en matière de désinformation. L'un des enjeux majeurs réside dans la diffusion de fausses informations via des systèmes d'IA générative capables de produire du contenu textuel, audio ou vidéo ultra réaliste. Ce phénomène favorise la manipulation de l'opinion publique et complique la distinction entre vérité et mensonge.
Les deep fakes, par exemple, permettent de créer des vidéos truquées d'une qualité impressionnante, susceptibles de déstabiliser des institutions ou de diffamer des personnalités. De même, les chatbots avancés peuvent être utilisés pour propager de fausses informations de manière automatique et à grande échelle.
Face à ces dérives, le professeur Tayeb prône une réglementation stricte pour contrer les abus et les usages malveillants de l'IA. Il propose l'élaboration d'une "e-loi", un cadre légal électronique qui permettrait de sanctionner les acteurs responsables de désinformation et de violations éthiques. Cette réglementation devrait être "sans relâche et sans pitié" envers les fraudeurs, garantissant un usage responsable de ces technologies.

Vers une réglementation adaptée

La nécessité d'une législation sur l'IA est une priorité mondiale. Plusieurs gouvernements et institutions internationales travaillent déjà à l'élaboration de lois visant à encadrer l'usage des outils d'IA, notamment pour protéger les données personnelles, lutter contre la manipulation de l'information et assurer une transparence dans le développement de ces technologies.
L'instauration de contrôles rigoureux et de certifications pour les systèmes d'IA pourrait permettre de limiter les dérives. De même, la formation des utilisateurs aux risques de la désinformation devient indispensable afin de développer un esprit critique face aux contenus générés par l'intelligence artificielle.
Pour le monde du journalisme tout comme dans la vie courante, l'IA constitue une formidable opportunité de progrès, mais son déploiement doit s'accompagner d'un encadrement strict pour prévenir les abus. Une gouvernance éthique et responsable de l'intelligence artificielle s'impose comme un défi majeur du XXIᵉ siècle, afin que ces technologies restent au service du bien commun sans menacer la vérité et l'intégrité de l'information.


Adama Hawa Bah