Hawa Sylla et Sayon Soumah, deux femmes battantes au service de leurs communautés à Boffa
Sous le soleil brûlant de Boffa en ce mois de mai et entre les étals colorés du grand marché, deux femmes s'activent avec détermination.
Sous le soleil brûlant de Boffa en ce mois de mai et entre les étals colorés du grand marché, deux femmes s'activent avec détermination.
Hawa Sylla, 48 ans, mère de deux enfants, incarne la résilience. Chaque matin, à l'aube, elle parcourt plusieurs kilomètres, panier en main, à la recherche de poissons frais dans les ports de pêche environnants.
Cette activité lui permet de nourrir sa famille. « Je ne suis pas allée à l’école, mais j’ai compris que si on attend tout de l’État ou des hommes, on mourra sans satisfaire nos besoins », confie-t-elle, essuyant la sueur de son front.
Les défis sont nombreux : la hausse des prix du poisson, le manque de bois pour le fumage, et l'absence de revenus stables de son mari. Pourtant, Hawa persévère. « Mon mari et mes enfants comptent sur moi. Les vêtements, la nourriture... c’est difficile. Parfois, je dois puiser dans le capital de mon commerce pour que ma famille ne se couche pas le ventre vide. Je veux que mes enfants aient des choix, qu’ils vivent dans la dignité et l’autonomie », confie-t-elle.
Hawa
Au-delà de son activité commerciale, Hawa est une voix active dans les réunions des femmes mareyeuses, s’engageant pour l’émancipation des femmes et plaidant contre les violences basées sur le genre. « On parle souvent d’égalité entre hommes et femmes, mais c’est rarement appliqué. Aujourd’hui, quand nos maris ne travaillent pas, toutes les charges reposent sur nous », regrette la mère de famille.
Sayon
À 60 kilomètres du centre-ville de Boffa, dans la sous-préfecture de Douprou, une autre femme incarne cette résilience : Sayon Soumah, 40 ans, mère de cinq enfants. Chaque jour, elle s'active à extraire artisanalement l’huile de palme, une tâche exigeante mais essentielle pour subvenir aux besoins de sa famille.
Avant le lever du soleil, Sayon entame une marche d'une heure vers la forêt de Tabatya pour récolter les régimes de palme. Avec d'autres femmes, elle transporte ces lourdes charges sur la tête sur plusieurs kilomètres. « C’est très difficile. Les besoins de la famille sont nombreux. Mais que faire si on n’a rien ? », dit-elle, essoufflée mais déterminée.
Le processus d’extraction est entièrement manuel : bouillir les fruits pendant des heures, les battre et presser la pulpe à la main. « Le feu nous brûle les bras, la fumée nous pique les yeux, mais on continue. Si on ne le fait pas, on ne peut pas subvenir aux besoins de la famille, surtout pour nos enfants qui sont à l’école. Mon mari ne travaille pas, toutes les charges reposent sur moi », révèle cette autre mère de famille.
Elle évoque également les défis matériels : « Si on avait une presse mécanique, on gagnerait du temps et plus d’huile. Parfois, après tout ce travail, je ne gagne que 150 000 FG par bidon. Malgré les difficultés, je ne dépends de personne. Grâce à l’huile, je nourris mes enfants, je paie leurs cahiers ».
Certes elles ne se connaissent pas, mais Hawa Sylla et Sayon Soumah illustrent la force silencieuse de milliers de femmes de Boffa et de la Guinée en général qui, chaque jour, œuvrent pour le développement de leurs communautés. Leur courage et leur détermination sont les piliers d'un avenir meilleur pour elles, leurs familles et toute la communauté.
Aly Lato Camara