Pied bot en Guinée : une malformation fréquente mais soignable chez l’enfant

 Pied bot en Guinée : une malformation fréquente mais soignable chez l’enfant

Le pied bot, malformation congénitale fréquente chez les nouveau-nés, reste peu connu en Guinée. Pourtant, des traitements efficaces et accessibles y sont disponibles, avec des résultats prometteurs.

 

Malformation fréquente chez les nouveau-nés, le pied bot reste encore méconnu du grand public en Guinée. Pourtant, des solutions de prise en charge existent dans notre pays, avec des résultats encourageants.

Le pied bot, aussi appelé pied équin ou talipes, est une malformation congénitale qui affecte un ou les deux pieds du nourrisson. Cette anomalie se manifeste par une déformation de l’organe, due à une mauvaise position des os et à la rétractation de certains muscles et ligaments. En Guinée, des traitements adaptés sont disponibles, en fonction du type et de la gravité de la malformation.

Selon le docteur Youssouf Sylla, médecin au service de chirurgie pédiatrique de l’hôpital national Donka et formateur dans une unité spécialisée, le pied bot peut être défini comme tout pied qui ne repose pas sur le sol par les points d’appui normaux. « En termes plus techniques, a-t-il ajouté, on parle d’un pied qui associe adduction et varus de l’avant-pied, associés à un équin et varus de l’arrière-pied », c’est-à-dire que le pied est tourné vers l’intérieur, les orteils et le talon pointent vers le centre du corps, et le pied repose principalement sur sa pointe au lieu de sa plante.

Des causes multiples

Les causes de cette déformation sont multiples. Elles peuvent être d’origine génétique ou liées à des facteurs environnementaux pendant la grossesse. Mais la pathologie n’épargne aucune couche sociale. « Au-delà des facteurs héréditaires, le pied bot est souvent observé chez des familles à faible revenu, mais il peut aussi toucher des enfants issus de milieux plus aisés. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas avoir accès aux soins. Ce n’est pas une fatalité. Le pied bot se soigne bel et bien en Guinée, comme ailleurs dans le monde », rassure le Dr Sylla.

Un traitement long mais accessible

Le traitement du pied bot en Guinée est essentiellement orthopédique et repose sur la méthode dite de Ponseti. Il peut s’étaler sur plusieurs années, selon les cas. « On commence par une série de plâtres hebdomadaires, avec à chaque fois une correction progressive du pied. Cela peut être suivi d’une petite intervention chirurgicale, puis d’un nouveau plâtre porté pendant trois semaines. Ensuite, des attelles sont utilisées pour maintenir la correction, avec un suivi jusqu’à l’âge de cinq ans », détaille le spécialiste.

Pour les enfants plus âgés, entre 8 et 12 ans, une intervention chirurgicale plus importante peut être envisagée.

En Guinée, ce type de traitement bénéficie d’un soutien partiel grâce à une organisation non gouvernementale américaine, Miracle Feet, représentée localement par RECOSAC. Elle prend en charge une grande partie des frais. « L’ONG fournit le matériel nécessaire au traitement et couvre environ 80% des coûts. Les parents n’ont donc qu’un forfait à payer, accessible à la majorité », précise le docteur Youssouf Sylla.

Agir tôt pour éviter l’exclusion

Un diagnostic et une prise en charge précoce permettent souvent aux enfants atteints de cette anomalie de retrouver une mobilité normale. À l’inverse, négliger cette malformation peut engendrer des conséquences lourdes sur la vie sociale et psychologique des personnes concernées, parfois victimes de stigmatisation. Dans certains cas, les familles elles-mêmes peuvent faire l’objet de rejet ou de discrimination.

Face à cette réalité, les professionnels de santé appellent à sensibiliser les populations et à encourager le dépistage néonatal pour maximiser les chances de guérison.

Doussouba Nènè Konaté