Drépanocytose en Guinée : une urgence de santé publique encore sous-estimée…
Drépanocytose en Guinée : une maladie héréditaire grave, encore mal prise en charge. Découvrez enjeux, prévention, dépistage et accès aux soins.
Le Dr Albéric Gandji alerte sur les risques sanitaires liés à l’eau non potable en saison pluvieuse, entre infections, cancers et contamination chimique.
La consommation d’eau non potable demeure une préoccupation majeure pour les professionnels de la santé, notamment en saison pluvieuse. De nombreux citoyens ignorent encore les dangers invisibles liés à la contamination chimique des nappes phréatiques. Les effets, souvent à long terme, peuvent être dévastateurs pour la santé.
Le Dr Albéric Gandji, médecin-conseil chargé de la prise en charge au Programme DREAM à Conakry, revient sur les principaux risques associés à la consommation d’une eau impropre et plaide pour une vigilance accrue à tous les niveaux. Il vient d'accorder une interview à un contributeur de notre plateforme, IdimiJam.com.
Dr Albéric Gandji : Diverses conséquences peuvent affecter la santé humaine lorsqu’on consomme une eau de mauvaise qualité. Par « eau impropre à la consommation », on entend une eau qui ne respecte pas les normes d’hygiène établies par les autorités sanitaires nationales, et qui expose les populations à de graves risques.
L'une des conséquences les plus fréquentes est l’apparition d’infections diarrhéiques, généralement provoquées par des bactéries contenues dans cette eau contaminée. Cela peut également entraîner des cas de dysenterie, liés notamment à la présence d’amibes.
Par ailleurs, certains virus présents dans l’eau peuvent entraîner des symptômes sévères : fièvre, vomissements, diarrhée, etc. La dysenterie amibienne, que vous connaissez sans doute, se manifeste par la présence de sang et de mucus dans les selles, souvent en lien avec l’ingestion d’eau non potable. Voilà quelques effets courants dus à la consommation directe d’eau contaminée.
Avant tout, il est important de considérer la provenance de l’eau. Par exemple, l’eau issue de nappes phréatiques peut être polluée en raison des activités humaines, dont les résidus chimiques qui pénètrent le sol lors des pluies. Cette pollution peut provoquer des maladies diarrhéiques, mais aussi, à long terme, des pathologies graves comme certains types de cancers, notamment en raison de la présence de métaux lourds.
En ce qui concerne les rivières et les lacs – sources d’eau de surface –, les populations sont exposées à la salmonellose, connue sous le nom de fièvre typhoïde. Cette maladie, souvent appelée « maladie des mains sales », est provoquée par la bactérie Salmonella typhi. Elle se manifeste par de la fièvre, des vomissements, un amaigrissement progressif et peut, si elle n’est pas bien diagnostiquée ou traitée, évoluer vers des complications comme la péritonite par perforation intestinale.
Cette décision est à saluer. Dans tous les pays du monde, il existe des organes de régulation des produits de consommation. L’eau étant un bien vital, les autorités doivent s’assurer que sa production et sa distribution respectent des normes strictes.
Les unités qui ne respectent pas le cahier des charges initial doivent être suspendues, car on ne peut pas privilégier les intérêts économiques des producteurs au détriment de la santé publique. Si, à l’avenir, ces entreprises se conforment aux règles d’hygiène, de production, de distribution et de conservation, les autorités pourraient envisager leur réhabilitation.
Les symptômes les plus fréquents sont les diarrhées et les vomissements. Ils résultent de l’exposition aux bactéries, virus et amibes présents dans l’eau. Toutefois, il n’existe pas de maladie unique et systématique liée à une eau impropre, car cela dépend de nombreux facteurs, notamment la source de l’eau.
Le choléra est l'une des pathologies très associées à l’eau impropre et constitue un danger majeur pour la santé publique. Des formes de déshydratation sévère peuvent également être observées.
Dans les zones proches des sites industriels, où les eaux souterraines peuvent être contaminées par des substances toxiques, des effets secondaires plus graves comme des lésions cutanées, des douleurs abdominales profondes ou même des cancers peuvent apparaître. Malheureusement, ces maladies graves sont souvent diagnostiquées tardivement, ce qui rend difficile l’établissement d’un lien direct avec la qualité de l’eau consommée.
Le développement des cancers est un processus complexe, encore mal compris par la science. Il dépend de nombreux facteurs : l’individu, l’organe touché, le niveau d’exposition, etc. C’est pourquoi il est difficile d’attribuer immédiatement un cancer à la consommation d’une eau contaminée. Même dans les pays les plus avancés, malgré des outils de diagnostic précoce, la corrélation reste parfois floue.
En Afrique de l’Ouest, nous ne disposons pas encore de systèmes performants de détection précoce. Ce qui retarde le diagnostic et, par conséquent, la prise en charge.
Les recommandations se déclinent en trois axes :
Propos recueillis par Fodé Touré