Dr Fatoumata Binta Diallo met en garde contre les dangers de la puberté précoce

Dr Fatoumata Binta Diallo met en garde contre les dangers de la puberté précoce

La puberté précoce, bien que peu connue, représente une réalité alarmante dans certaines familles. Des enfants âgés de 8 à 10 ans manifestent des signes de maturation sexuelle avant l'âge attendu. Quels sont les symptômes de cette anomalie ? Quelles en sont les causes et les conséquences ?

La puberté précoce, bien que peu connue, représente une réalité alarmante dans certaines familles. Des enfants âgés de 8 à 10 ans manifestent des signes de maturation sexuelle avant l'âge attendu. Quels sont les symptômes de cette anomalie ? Quelles en sont les causes et les conséquences ? Dr Fatoumata Binta Diallo, gynécologue obstétricienne dans une clinique à Kiroty dans la banlieue de Conakry, éclaire les lecteurs de la plateforme IdimiJam.com sur cette problématique souvent ignorée.

Des symptômes précoces inquiétants

Selon les spécialistes, la puberté débute généralement entre 8 et 13 ans chez les filles, et entre 9 et 14 ans chez les garçons. Cependant, certains enfants voient ces changements apparaître bien plus tôt. « Quand les signes de la puberté apparaissent chez une fille avant l'âge de 8 ans et chez le garçon avant 9 ans, on parle de puberté précoce. Par exemple, une petite fille qui commence à avoir des poils au niveau axillaire ou génital, qui voit ses règles avant 8 ans, ou dont les seins commencent à pousser, est concernée. Chez les garçons, cela se manifeste par une augmentation du volume des testicules, l'apparition de poils et une voix qui devient rauque », explique la professionnelle de santé.

Des causes multiples

Contrairement aux idées reçues, la puberté précoce n'est pas un phénomène naturel. Selon Dr Diallo, les causes peuvent être génétiques, environnementales ou hormonales. « La pollution, les pesticides et les perturbateurs endocriniens sont souvent pointés du doigt. J'ai lu qu'il y avait des villages agricoles où ce phénomène était plus fréquent à cause des pesticides utilisés. Il est donc important de consulter un endocrinologue ou un pédiatre pour identifier la cause », précise-t-elle.

Un traitement possible

Concernant un possible traitement, cela dépend étroitement de la cause identifiée. « Nous procédons à des examens pour doser les hormones et réalisons des échographies pour vérifier les ovaires, les surrénales ou encore l'âge osseux à travers une radiographie de la main. Si la cause est hormonale, nous utilisons des traitements freinateurs pour retarder la puberté jusqu'à l'âge approprié », explique le Dr Fatoumata Binta Diallo.

Un sujet encore tabou

Malgré ses conséquences importantes, tels que des problèmes de croissance, des troubles émotionnels, des risques de fertilité précoce, des complications hormonales et des déséquilibres endocriniens, la puberté précoce demeure un sujet tabou et fait parfois l’objet de mauvaises interprétations dans les familles. « Ma sœur a eu ses premières règles à 14 ans. Ma tante a jugé cela précoce et a eu recours à la pharmacopée. Les produits traditionnels ont stoppé ses menstrues pendant deux ans. Après son mariage à 17 ans, elle a eu de graves problèmes génitaux. Les médecins ont diagnostiqué des trompes bouchées et une flore vaginale affectée. Elle a dû suivre un traitement pour éviter un cancer et des fibromes », a confié une jeune femme interrogée par un contributeur d’IdimiJam.

Des conséquences à long terme

Les conséquences de la puberté précoce sont aussi bien physiques que psychologiques. « Imaginez une fille de 8 ans qui voit ses règles. Étant en pleine école primaire, elle se sentira différente et incomprise. Cette différence peut engendrer des troubles émotionnels. Sur le plan physique, ces enfants grandissent très rapidement puis cessent de croître. Ce qui les rend plus petits que leurs pairs », alerte Dr Fatoumata Binta Diallo.

De plus, ces jeunes filles peuvent tomber enceintes, les exposant ainsi aux grossesses précoces non-désirées. Un risque qui pourrait entraîner l'abandon scolaire et perturber leur développement éducatif.

D.S Kamara