À Siguiri, une pénurie de carburant dégénère en affrontements entre élèves et forces de l’ordre, provoquant panique et tensions dans la ville.
La crise de carburant qui frappe la région de Kankan ces derniers jours a pris une nouvelle tournure à Siguiri. Ce samedi 18 octobre 2025, une altercation entre agents de sécurité et citoyens venus s’approvisionner en essence a provoqué une série de heurts qui ont fini par impliquer des élèves des écoles voisines. Ce qui n’était au départ qu’un différend autour de la vente du carburant s’est transformé en une manifestation de colère dans les rues de la ville.
Dans cette localité minière et agricole, les stations-service sont pratiquement à sec depuis plusieurs jours. Les rares points de vente encore ouverts sont pris d’assaut dès l’aube par des centaines de clients désespérés. Ce matin-là, la tension est montée à la station du quartier Téléladji, où des gérants auraient refusé de servir certains clients munis de bidons. Selon plusieurs témoins, c’est l’arrivée d’une équipe de sécurité qui a envenimé la situation. Les agents auraient tenté d’interpeller le directeur de la station après un refus d’obtempérer. Ce qui a provoqué la colère de la foule. Pour disperser les protestataires, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes.
Les gaz se sont propagés jusqu’à l’école ODC, située à proximité, provoquant la panique parmi les élèves. Plusieurs d’entre eux, pris de toux et de suffocation, ont quitté les salles de classe en urgence. Des témoins rapportent que des élèves, irrités par la situation, ont commencé à jeter des pierres en direction des agents de sécurité. Très vite, le mouvement s’est propagé à d’autres établissements, et les rues de Siguiri ont été envahies par des jeunes en colère. Les cours ont été interrompus dès la matinée, et les forces de sécurité ont été déployées pour tenter de rétablir le calme.
Un élève, ayant requis l’anonymat, a confié : « Je viens chaque matin à moto-taxi, mais depuis quelques jours l’essence est devenue très chère et introuvable. Même nos enseignants commencent à manquer les cours. Ce matin, les forces de sécurité ont lancé du gaz lacrymogène sans faire attention, et cela nous a touchés directement ».
Le chef du service des urgences de l’hôpital préfectoral de Siguiri, Abdoulaye Bassiriou Condé, a confirmé la prise en charge de plusieurs victimes. « Nous avons reçu cinq élèves, toutes filles, intoxiquées par du gaz lacrymogène. Elles ont reçu des soins appropriés et leur état est désormais stable. Le seul cas de décès enregistré aujourd’hui n’a aucun lien avec ces manifestations », a-t-il précisé, démentant ainsi les rumeurs de morts circulant sur les réseaux sociaux, sans pour autant entrer dans les détails.
Selon des informations recueillies par Ledjely.com, une personne aurait également été heurtée par un véhicule de la gendarmerie et transférée d’urgence à l’hôpital régional de Kankan. En fin d’après-midi, le calme est progressivement revenu, même si une tension latente demeure perceptible dans certains quartiers.
Au moment de la publication de cet article, les autorités locales n’avaient fait aucune déclaration officielle sur l’incident. Cependant, des initiatives de sensibilisation sont en cours pour apaiser les esprits et permettre la reprise normale des activités, notamment scolaires dans la ville.
Cette flambée de colère met une fois de plus en lumière l’impact social de la pénurie de carburant qui paralyse certaines villes du pays ces dernières semaines. À Siguiri, comme ailleurs, les citoyens espèrent désormais une réponse rapide des autorités afin d’éviter que la crise énergétique ne se transforme en crise sociale.