Rentrée scolaire le 15 septembre : une décision qui ne fait pas l’unanimité auprès des parents d'élèves
En Guinée, la rentrée scolaire fixée au 15 septembre suscite débats : entre coûts élevés, jours fériés et espoirs de stabilité du calendrier
À Kouroussa, en Haute-Guinée, l’orpaillage artisanal attire de nombreux enfants au détriment de l’école. Entre pauvreté, manque d’infrastructures éducatives et faiblesse de l’encadrement, le phénomène menace l’avenir d’une génération, malgré les efforts de sensibilisation des autorités et des ONG.
Dans la préfecture de Kouroussa, située à plus de 80 kilomètres de Kankan, chef-lieu de la Haute-Guinée, des dizaines de silhouettes juvéniles s’affairent autour de fosses creusées à même le sol. Pelles, pioches et bassines remplacent cahiers et stylos. Dans plusieurs localités, notamment en zone rurale, l’abandon scolaire au profit de l’orpaillage artisanal n’est plus un fait isolé, mais une réalité qui grignote, jour après jour, l’avenir de toute une génération. Une situation qui inquiète profondément les acteurs du système éducatif.
« L’abandon scolaire est une réalité dans notre localité. Dans les mines, il y a des enfants qui quittent pratiquement l’école pour travailler. C’est vrai qu’avec les différentes sensibilisations, certaines choses ont changé dans nos communautés, mais il reste encore beaucoup à faire pour changer les mentalités face aux conséquences de cette pratique », confie Mory Kourouma, parent d’élèves, rencontré dans son potager du quartier Doula, dans la commune urbaine.
Dans certaines écoles rurales, les enseignants observent, impuissants, la baisse continue des effectifs. « On commence l’année avec 40 élèves et, au second trimestre, il n’en reste que 20. Les gens vont beaucoup dans les mines, mais la pauvreté frappe aussi de plein fouet. L’éducation n’est pas facile ici, les enfants ne sont pas assez encadrés, c’est pourquoi on les retrouve souvent sur les sites miniers », explique Amara Diabaté, enseignant à la retraite.
Pour de nombreux habitants de Kouroussa, l’attrait de l’or s’explique autant par les difficultés économiques que par la faiblesse de l’offre éducative. Les infrastructures scolaires, souvent vétustes, se trouvent parfois à plusieurs kilomètres des villages. Faute de cantines scolaires ou de programmes d’accompagnement, certaines familles préfèrent que leurs enfants contribuent immédiatement aux revenus domestiques.
Laye Kanté, chef de quartier dans la commune urbaine de Kouroussa, en témoigne : « L’éducation est très difficile dans les zones minières. Aujourd’hui, notre combat à tous est d’améliorer le système éducatif dans notre préfecture. Nous y travaillons, mais malgré cela, les enfants continuent de se retrouver dans les mines au détriment de l’école. C’est un long processus pour mettre fin à ce phénomène ».
Un responsable de la direction préfectorale de l’éducation de Kouroussa reconnaît l’ampleur du problème. « Nous savons que cette réalité existe. À chaque rentrée, nous organisons des campagnes de sensibilisation pour maintenir les enfants à l’école. Ces dernières années, la situation évolue petit à petit. Pour l’instant, nous comptons sur la sensibilisation pour changer les choses », explique-t-il sous couvert de l’anonymat.
À Kouroussa, le dilemme « école ou mine » ne devrait pas exister. Mais faute d’actions concrètes et de solutions durables, le risque est grand de voir émerger une génération sacrifiée, sans diplôme et marquée à vie par un travail précoce et pénible.
Il faut rappeler que de nombreuses ONG locales continuent de s’impliquer activement dans la prise en charge et la scolarisation des enfants, afin d’éviter qu’ils ne se retrouvent dans les mines.
Facély Sanoh