Mariama Bah, la technicienne qui répare les téléphones et combat les préjugés…

Mariama Bah, la technicienne qui répare les téléphones et combat les préjugés…

Mariama Bah, technicienne à Conakry, répare téléphones et stéréotypes. Avec son entreprise YAALAN, elle inspire une génération de femmes audacieuses.

Dans un univers encore largement dominé par les hommes, une jeune femme se distingue par sa détermination et son audace. Mariama Bah, gérante de l’entreprise YAALAN, fait partie de celles qui brisent les codes et s’imposent dans un domaine où les femmes sont encore rares.

À Kaporo, dans la banlieue de Conakry, Mariama est assise derrière son bureau, concentrée sur la réparation d’un téléphone portable. Ce geste quotidien, anodin en apparence, prend tout son sens dans un milieu masculin. « Je travaillais à Jatropha, où l’on utilisait les tablettes Sincery. C’est là que j’ai eu l’idée de me lancer dans la maintenance. Les gens venaient souvent se plaindre de réparations mal faites ailleurs. Je me suis dit : pourquoi ne pas essayer de gérer ça moi-même ? », raconte-t-elle.

Ce déclic marque le début d’une aventure entrepreneuriale. D’abord spécialisée dans les tablettes, elle élargit rapidement ses services aux téléphones, ordinateurs et autres appareils électroniques. Avec le temps, Mariama ne se contente plus de réparer : elle vend aussi. « Aujourd’hui, je suis indépendante. J’ai pu créer une boutique en parallèle. Ce n’est plus seulement de la maintenance. Les gens viennent, ils recommandent nos services aussi », se réjouit la technicienne.

Un parcours atypique et semé d’obstacles

Rien ne la prédestinait à ce métier. Diplômée en Biologie-Chimie, Mariama débute comme laborantine biomédicale, exercée pendant deux ans. Après une formation en Ressources humaines, elle travaille comme agente commerciale avant de rejoindre l’incubateur Jatropha. C’est là qu’elle découvre sa passion pour la réparation.

En 2019, elle fonde YAALAN, un nom inspiré du mot sosso signifiant « réparer ». Une appellation symbolique pour une aventure pleine de défis. « Comme tout entrepreneur, j’ai rencontré des difficultés avec les pièces de rechange. Parfois, on me vendait des pièces soi-disant originales, mais qui ne l’étaient pas. Cela affectait la qualité et la satisfaction des clients », confie-t-elle.

Mais au-delà des problèmes techniques, Mariama doit aussi faire face aux préjugés. « Quand je prends un téléphone et que je sors mes tournevis, certains sont réticents. Ils doutent. Mais il faut que nous les femmes, nous osions faire comme les hommes », estime la jeune femme.

De l’apprentissage à l’ambition

Autodidacte, Mariama apprend sur le terrain. « Au début, j’ai recruté trois techniciens. C’est avec eux que j’ai appris. On ne peut pas se lancer dans quelque chose sans le comprendre », souligne-t-elle.

Aujourd’hui, forte de son expérience et de sa réputation, elle nourrit de grandes ambitions. « Dans les années à venir, on aimerait créer notre propre unité d’assemblage ici. On a déjà commencé à démarcher des entreprises étrangères pour les pièces, notamment les cartes mères », annonce l’entrepreneure.

Mariama Bah incarne donc une nouvelle génération de femmes qui osent s’aventurer dans des métiers longtemps considérés comme masculins. Avec ambition, abnégation et résilience, elle répare bien plus que des téléphones : elle montre la voie à toute une génération de jeunes femmes.

Mamadou Gongorè Diallo