À Kondiaran, en Haute-Guinée, des femmes et des mineures s’engagent dans l’exploitation artisanale de l’or pour subvenir aux besoins de leurs familles. Entre espoir d’autonomisation, revenus incertains et lourdes conséquences sur leur santé, ce reportage met en lumière leur quotidien et leurs défis.
La commune rurale de Kondiaran, localité à vocation agro-pastorale située à environ vingt-cinq kilomètres de son chef-lieu Mandiana, compte près de 45 000 habitants. Si l’agriculture et l’élevage y sont pratiqués, l’activité principale reste l’exploitation artisanale de l’or. Au cœur de ce village, érigé en sous-préfecture sous le régime de l'ancien président Alpha Condé, on aperçoit, çà et là, des femmes en train de laver les minerais selon un système traditionnel, dans l’espoir d’assurer leur autonomisation. Cet article, réalisé auprès de femmes engagées dans cette activité, revient sur leurs méthodes de travail, les difficultés rencontrées et l’usage qu’elles font des revenus obtenus.
Dans toute la Haute-Guinée, l’exploitation artisanale de l’or reste l’activité économique dominante. De Siguiri à Kouroussa, en passant par Dinguiraye, Kérouané et jusqu’à Mandiana, ces zones connaissent un afflux constant de travailleurs venus de tout le pays, et même de l’étranger, en quête de meilleures conditions de vie. Généralement considérée comme un métier physique réservé aux hommes, cette activité attire de plus en plus de femmes. C’est le cas dans la sous-préfecture de Kondiaran, à Mandiana.
Faute de formation scolaire ou professionnelle, nombre d’entre elles ne peuvent accéder aux postes qualifiés dans les sociétés minières. Elles se tournent alors vers un système local appelé, en langue maninka « Yirini », qui leur permet de récupérer de petites quantités de minerai.
Aminata Camara, habituée de cette activité, explique : « Nous partons dans les champs de mines artisanales pour récupérer les minerais, que nous transportons en tricycle jusqu’à la maison. Là, nous les passons dans une machine qui les broie avant d’extraire l’or (...) Ce que nous gagnons sert à couvrir les besoins de nos enfants et à aider nos maris ».
Une activité qui n’épargne pas les mineures
Dans cette quête ardue de l’or, même les mineures ne sont pas épargnées. M’mawa Konaté, 16 ans, n’a jamais été scolarisée ni appris un métier. Pour subvenir à ses besoins, elle s’adonne à cette tâche pénible. « Les hommes creusent. Et, ensuite, nous transportons. Parfois, je dois porter le minerai sur ma tête et marcher plusieurs kilomètres, faute de moyens pour payer le transport. La souffrance est énorme », confie-t-elle.
Des revenus faibles et incertains
Malgré leur ardeur au travail, beaucoup de ces femmes rentrent bredouilles. De nombreux sacs de gravats lavés ne contiennent aucun gramme d’or. L’argent gagné sert le plus souvent à assurer la survie quotidienne. Ce jour-là, Mariame, sexagénaire, avait passé des heures sous un soleil écrasant à laver du minerai, sans savoir si elle obtiendrait le moindre gain. « Il nous arrive de travailler toute une journée pour rien. Mais nous continuons, car c’est la seule activité qui nous permet de gagner un peu d’argent », explique-t-elle.
Des risques sanitaires importants
Le transport du minerai, parfois sur plus de cinq kilomètres, constitue une épreuve physique supplémentaire. Les femmes se déplacent souvent en groupe, échangeant des histoires pour atténuer la fatigue. Mais les conséquences sur leur santé sont lourdes : maux de dos, migraines, fatigue chronique…
Diaka Condé confie : « Nous tombons malades à cause des longues distances que nous parcourons avec des sacs remplis de minerai. Ce n’est pas par plaisir que nous faisons ce travail ».
L’exploitation artisanale de l’or, pilier économique de la Haute-Guinée, reste un moyen de subsistance pour de nombreuses familles. Mais au-delà de sa faible rentabilité, elle comporte des risques pour la santé, la sécurité et les droits fondamentaux des femmes et des enfants qui y participent.
Miche Yaradouno