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Chaque année, la Mamaya de Kankan attire des milliers de participants et booste l’économie locale : couture, hôtellerie, commerce et médias profitent pleinement de cette grande fête culturelle
La Mamaya de Kankan accueille chaque année des milliers de ressortissants de la Haute-Guinée et d’ailleurs, venus des autres villes du pays et de la diaspora. Au-delà des pas de danse, cette période festive constitue aussi un véritable levier économique pour divers domaines socio-économiques du Nabaya. Couturiers, hôteliers, commerçants, hommes de médias et autres acteurs constatent des changements irréversibles dans leurs activités quotidiennes à l’occasion de chaque rendez-vous de la Mamaya. C’est du moins le constat fait au terme de longs échanges avec quelques citoyens évoluant dans ces secteurs.
Le Sèrè Dandiya n°4 et d’autres citoyens s’apprêtent à vivre l’édition 2025 de la Mamaya au stade M’Ballou Mady Diakité de Kankan. Les répétitions ont déjà démarré dans de nombreux quartiers. À l’occasion de cette fête, chacun souhaite paraître sous son meilleur jour avec des modèles hypermodernes. Certains ateliers de couture travaillent déjà d’arrache-pied pour répondre à la demande liée à la plus grande manifestation culturelle de Kankan.
Nous avons rencontré maître Mamoudou Barry, styliste installé au quartier Kabada 2. À moins de deux mois de la célébration, plus d’une dizaine de complets aux couleurs de la Mamaya 2024 se trouvent déjà dans son atelier. Au milieu de ses cinq machines, ses apprentis et lui discutent des modèles choisis par les clients. Aucun client n’était présent lors de notre passage, mais le couturier qualifie cette période de « galactique » pour son activité. « Nous recevons beaucoup de clients pendant cette période et nous changeons même notre rythme de travail. Il arrive que nous passions une à deux semaines à dormir à l’atelier pour satisfaire la demande. Il est difficile, en temps normal, de gagner deux millions de francs guinéens, alors que pendant la Mamaya nous dépassons souvent ce montant. Chacun veut être beau et porter toutes les couleurs avec de nouveaux modèles, ce qui nous permet de gagner beaucoup plus d’argent que le reste de l’année », explique-t-il.
À l’occasion des retrouvailles de la Mamaya, les revenus des médias et des journalistes de Kankan connaissent une nette augmentation. Publicités, couvertures médiatiques, tables rondes… ces services sont très sollicités par les festivaliers et autres acteurs.
Oumar Zidane Fofana, patron de la radio Baraka FM de Kankan et ancien directeur général de plusieurs médias, dont Djoma Médias Kankan, confie : « Grâce à la Mamaya, les médias se font beaucoup d’argent, car les visiteurs ne viennent pas uniquement pour danser. Certains arrivent avec des projets qui nécessitent de la communication. Les foires et les soirées récréatives organisées en ville pendant la Mamaya génèrent aussi des revenus grâce aux spots publicitaires. Les deux semaines qui précèdent la fête et la semaine qui suit sont des périodes de forte activité médiatique. Les commerçants locaux profitent aussi de l’occasion pour écouler leurs produits auprès de nos frères de la diaspora, et vice-versa. Cela implique beaucoup de publicités. Pendant cette période, nous enregistrons au minimum une vingtaine de spots, ce qui n’arrive pas durant les périodes ordinaires ».
Dans le secteur hôtelier, la Mamaya rime aussi avec affluence et recettes en hausse. Beaucoup d’hôtels affichent complet pendant la fête. Victor Komano, directeur général de la résidence Évêché, située au quartier Korialen, témoigne. Sur un total de dix-huit chambres fonctionnelles, plus de dix avaient été occupées par des festivaliers en 2024. S’il reste discret sur les montants engrangés, il admet : « C’est une très bonne période pour nous, car il y a beaucoup de monde à Kankan. Mais il faut dire aussi que tous ne logent pas à l’hôtel ; beaucoup préfèrent rester chez des parents. Malgré cela, nos recettes connaissent une réelle amélioration, même si je ne peux pas vous dire combien j’ai gagné l’année passée ».
En plus de ces secteurs, d’autres activités importantes voient également leur chiffre d’affaires grimper pendant la Mamaya. Comme pour rappeler que cette danse, originaire de la République du Mali, rapporte aujourd’hui bien plus qu’un simple moment de réjouissance.
Michel Yaradouno