Kankan : les techniciennes de surface, ces femmes de l’ombre qui nettoient la ville

Kankan : les techniciennes de surface, ces femmes de l’ombre qui nettoient la ville

Kankan : ces techniciennes de surface, femmes de l’ombre, assurent la propreté de la ville malgré la précarité et l’informalité du secteur.

Elles assurent la propreté des bureaux, hôpitaux, écoles et autres espaces publics. Pourtant, elles restent souvent invisibles, mal rémunérées et peu protégées, malgré l’importance de leur rôle au sein de la société. Elles, ce sont les techniciennes de surface. À Kankan, dans la capitale de la Haute-Guinée, nombreuses sont ces femmes, venues parfois d’autres localités, qui exercent ce métier dans des conditions difficiles.

À l’hôpital régional de Kankan, dans les locaux de l’administration ou encore sur les berges du Milo, ces femmes s’activent quotidiennement pour maintenir un environnement propre et sain. Leur travail contribue à la lutte contre les infections nosocomiales et à l’amélioration du cadre de vie.

Parmi elles, Mariame, une jeune mère d’une vingtaine d’années, originaire de Missamana (Kouroussa). Installée au quartier Morioulen, elle raconte son quotidien. « Je me lève très tôt chaque jour. Je commence par nettoyer la cour, les ustensiles et puiser de l’eau. Ensuite, je fais la lessive et j’assiste ma patronne dans la préparation de la journée. Ce que je gagne me permet de m’occuper de ma fille et d’envoyer un peu à mes parents au village », confie-t-elle.

Des emplois précaires malgré quelques améliorations

La Société Amicale des Jeunes Unis pour la Santé et le Développement (SAJUSD) emploie 48 techniciennes de surface à Kankan. Selon sa gérante, Sia Pauline, elles travaillent en deux séquences quotidiennes, de 6h à 9h et de 16h à 18h, pour des salaires variant entre 550 000 et 800 000 francs guinéens. Certaines assurent des permanences par rotation. « Elles disposent d’équipements de protection, bénéficient de congés et de sécurité sanitaire. Toutefois, elles n’ont pas encore de contrat formel en raison de l’instabilité dans le travail, mais nous comptons régulariser la situation à l’avenir », promet la jeune femme.

D’autres structures font également appel à ces travailleuses. L’ONG Santé Espoir Vie emploie par exemple une technicienne de surface pour assurer la propreté de ses locaux. « Elle est comme une sœur pour nous et s’intègre parfaitement à l’équipe », assure Aissetou Sidibé, comptable de l’organisation.

Un secteur largement informel

À Kankan, la majorité des techniciennes de surface n’ont pas fait d’études et évoluent dans l’informel. Leur âge varie entre 19 et 55 ans. 

L’Inspection régionale du travail, sollicitée pour cet article, admet ne pas disposer de données précises sur le nombre de techniciennes de surface à Kankan. Selon ses responsables, la profession évolue principalement dans l’informel et échappe en grande partie aux cadres administratifs, la plupart des travailleuses montrant peu d’intérêt pour les démarches documentaires.

Michel Yaradouno