Crise du cash en Guinée : la transition vers le numérique comme alternative ?
En Guinée, la crise du cash met en lumière la nécessité d’adopter les paiements numériques : solution durable ou simple alternative provisoire ?
En Guinée, la crise du cash met en lumière la nécessité d’adopter les paiements numériques : solution durable ou simple alternative provisoire ?
En Guinée, l’accès aux billets de banque est devenu un défi quotidien. Face à cette situation, de plus en plus de voix appellent à accélérer l’adoption des solutions de paiement numériques.
Dans plusieurs banques du pays, les retraits sont désormais plafonnés. Certains clients repartent bredouilles, confrontés à des excuses liées au « manque de réseau » ou à des distributeurs automatiques affichant la mention « hors service ».
Au marché, les négociations ne portent plus seulement sur le prix des marchandises, mais aussi sur la disponibilité des billets pour conclure une transaction. Dans les foyers, cette pénurie engendre une angoisse croissante : celle de ne pas pouvoir accéder à son propre argent.
Cette crise met en évidence la fragilité d’une économie encore trop dépendante de la circulation des billets. Mais elle révèle également une opportunité : celle d’accélérer l’adoption des paiements électroniques.
Tout près de nous, le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont franchi le pas. Le mobile money et les plateformes numériques y sont devenus des réflexes quotidiens. Qu’il s’agisse de régler une facture, d’acheter des produits ou de se déplacer, les paiements digitaux fluidifient les transactions et réduisent la dépendance au liquide. Cette évolution démontre qu’une économie peut fonctionner efficacement sans rester prisonnière du cash.
La Guinée dispose déjà de solutions locales telles que Kulu, Soutra Money, Paycard, mais aussi des services d’Orange Money et MoMo. Plusieurs banques proposent également des cartes et applications de paiement. Pourtant, leur adoption reste limitée, freinée par la méfiance liée aux arnaques, la faible bancarisation, une couverture numérique inégale et une culture du cash profondément enracinée.
Pour de nombreux observateurs, cette pénurie doit être un signal d’alarme. Miser sur les paiements électroniques permettrait non seulement de répondre aux besoins immédiats, mais aussi de renforcer la traçabilité des transactions et de stimuler l’innovation financière.
Il s’agit moins d’une option que d’une nécessité : transformer une contrainte en opportunité pour moderniser l’économie.
La réussite de cette transition ne dépend pas uniquement de l’État ou des banques. Elle implique aussi les commerçants et les citoyens, appelés à changer leurs habitudes. Adopter les solutions numériques, c’est faire le choix de la fluidité, de la modernité et de la résilience.
La crise du cash pourrait ainsi devenir le déclic dont la Guinée a besoin pour s’engager pleinement dans l’ère numérique.
Élisabeth Zézé Guilavogui