Septembre Rouge : reconnaître les premiers signes des cancers du sang

Septembre Rouge : reconnaître les premiers signes des cancers du sang

En Guinée, Septembre Rouge sensibilise aux cancers du sang : reconnaître les signes précoces, consulter tôt et sauver des vies.

Chaque mois de septembre, une mobilisation mondiale est consacrée aux cancers du sang. Appelée Septembre Rouge, cette campagne vise à sensibiliser et informer sur des maladies encore mal connues, mais dont les conséquences peuvent être graves. En Guinée, la situation reste préoccupante : beaucoup de patients arrivent à l’hôpital à un stade avancé, alors que des signes précoces existent, à condition de les reconnaître.

Des symptômes souvent négligés

Selon le Dr Camara, hématologue, les cancers du sang ne se manifestent pas brutalement mais s’installent progressivement. Leurs premiers symptômes sont souvent confondus avec d’autres affections bénignes.

« Les patients ressentent généralement une fatigue persistante qui ne disparaît pas malgré le repos. Ils présentent aussi des infections fréquentes et difficiles à traiter, une perte de poids inexpliquée, parfois des douleurs osseuses ou encore des saignements inhabituels comme du nez ou des gencives », explique-t-il.

Le médecin précise toutefois : « Ces signes ne signifient pas forcément qu’il s’agit d’un cancer. Mais lorsqu’ils persistent, il faut consulter. L’erreur, c’est de penser que ça va passer ».

L’importance du diagnostic précoce

Le spécialiste insiste sur l’urgence d’un dépistage rapide. « Les cancers du sang se soignent mieux lorsqu’ils sont détectés tôt. Une simple prise de sang peut déjà alerter le médecin. Ensuite, des examens complémentaires permettent de confirmer le diagnostic. Malheureusement, beaucoup de personnes consultent trop tard, ce qui complique le traitement », regrette-t-il.

Le cas de l’oncle de Mory Condé illustre cette réalité. Pendant des mois, il a souffert de fatigue et de saignements. Sa famille, pensant à d’autres maladies, a tenté différents traitements. Ce n’est qu’après une forte dégradation de son état qu’il a été conduit à l’hôpital Donka, où le diagnostic de cancer du sang a été posé. Mais il était déjà trop tard. « On croyait que ce n’était rien de grave », confie Mory. Et d’ajouter : « S’il avait été diagnostiqué plus tôt, peut-être qu’il serait encore parmi nous ».

Une lutte freinée par de nombreux obstacles

En Guinée, le combat contre les cancers du sang se heurte à plusieurs difficultés. Les structures spécialisées sont concentrées dans quelques hôpitaux de Conakry, laissant les patients de l’intérieur sans accès rapide aux soins. Le coût des examens, souvent supporté par les familles, décourage les plus modestes. Enfin, l’absence de campagnes massives d’information entretient la méconnaissance des symptômes.

Informer pour sauver des vies

Dans ce contexte, Septembre Rouge apparaît comme une opportunité pour briser le silence. Les spécialistes plaident pour des campagnes en langues locales, des actions de sensibilisation dans les marchés et une meilleure implication des pharmaciens, souvent premiers interlocuteurs des patients.

« Dans un pays où les ressources médicales sont limitées, l’information reste notre première arme », rappellent les médecins. Reconnaître les signes, consulter dès les premiers doutes et encourager ses proches à en faire autant : des gestes simples qui peuvent sauver des vies.

Plus qu’un slogan, Septembre Rouge est un appel à soutenir les familles touchées, à renforcer les capacités de prise en charge et à mobiliser les autorités. Car face aux cancers du sang, chaque jour gagné sur le diagnostic peut faire la différence.

Mayamba Traoré