En Guinée, l’intelligence artificielle Kôlèpòno-AI se met au service de la santé publique

 En Guinée, l’intelligence artificielle Kôlèpòno-AI se met au service de la santé publique

Deux jeunes Guinéens, Alain Goumou et Alexis Haba, créent Kôlèpòno-AI, un dispositif médical intelligent hors ligne pour diagnostiquer le paludisme et la tuberculose.

Alain Goumou, ingénieur en robotique et intelligence artificielle, et Alexis Haba, biologiste spécialisé en microbiologie et virologie, ont mis au point un dispositif innovant : Kôlèpòno-AI. Ce dispositif médical intelligent appelé Kôlèpòno-AI fonctionne sans internet et avec une batterie rechargeable à l’électricité ou à l'énergie solaire. Donc, utilisable partout.

Conçu pour diagnostiquer deux pathologies majeures répandues en Afrique : le paludisme et la tuberculose. Leur innovation a été sélectionnée parmi plus de 3 257 projets pour intégrer le TOP 36 de la deuxième édition du concours présidentiel de la jeunesse africaine en intelligence artificielle et robotique. Ils disputeront le 29 octobre la finale de ce concours qui se tiendra en Afrique du Sud, en présence de personnalités de haut niveau.

Kôlèpòno est un mot tiré de la langue kpèlè, parlée en Guinée, et signifie « Santé ». L’outil embarque une caméra microscopique, un mini-ordinateur avec un modèle d’intelligence artificielle intégré, et une interface utilisateur multilingue (français et anglais). « L’utilisateur place un échantillon (goutte de sang ou salive), l’appareil capture et analyse automatiquement l’image, puis affiche un diagnostic fiable en moins de deux minutes, sans besoin d’Internet ni d’électricité. Il génère ensuite une ordonnance médicale conforme aux protocoles de l’OMS et un résultat d’examen médical, adaptée à l’âge et au poids du patient. Contrairement à la plupart des solutions de santé numérique qui nécessitent Internet, Kôlèpòno-AI fonctionne totalement hors ligne. L’analyse est faite en local grâce à des modèles IA pré entraînés », explique Alain Goumou, un de ses promoteurs.

Pour ses concepteurs, le but est de rendre le diagnostic du paludisme et de la tuberculose rapide, fiable et accessible à tous, quel que soit l’endroit, sans pour autant remplacer les médecins dans leur travail. « Ainsi, on perd moins en temps, on a plus de vies sauvées, et un meilleur contrôle de la propagation des maladies », expliquent-ils.

Pour les communautés, l’innovation représente une solution de proximité. « Plus besoin de longs déplacements pour faire un test. Les gens auront un accès direct au dépistage, ce qui signifie plus de chances de survie », ajoutent ses concepteurs.

Une solution pensée « africaine »

Avec une telle invention, être finaliste d’un concours continental représente pour Alain Goumou une fierté et de la motivation, car elle montre que la jeunesse guinéenne peut apporter des réponses concrètes aux défis de son pays. « Cela prouve que notre travail a un impact au-delà de nos frontières et que l’Afrique peut aussi proposer des solutions de santé innovantes. C’est une solution pensée par des jeunes Africains, réalisée par des jeunes Africains et adaptée aux réalités africaines », se réjouit-il. Toutefois, il n’entend pas se reposer sur ses lauriers et fixe déjà les prochaines étapes : « Finaliser les tests, améliorer le dispositif et passer à une production plus large, c'est-à-dire l’industrialiser en partenariat avec les acteurs de la santé ».

En attendant la finale le 29 octobre, l’équipe de Kôlèpòno-AI invite les partenaires et les institutions à soutenir leur initiative. « La lutte contre le paludisme et la tuberculose est collective. Nous appelons les partenaires et institutions à nous rejoindre pour sauver des vies ensemble. Car cette lutte nous concerne tous », conclut Alain Goumou.

 

Elisabeth Zézé Guilavogui