Guinée : les biologistes médicaux en quête de reconnaissance et de moyens
La biologie médicale, pilier du système de santé en Guinée, reste sous-évaluée. Découvrez son rôle clé, ses défis et les revendications des biologistes.
Le Dr Ben Youssouf Keita alerte sur la recrudescence des maladies hydriques et diarrhéiques en Guinée durant la saison des pluies, pointant la mauvaise qualité de l’eau et l’insalubrité. Il appelle à des gestes simples de prévention et à une réaction urgente des autorités.
Dans un entretien accordé à la rédaction d’IdimiJam.com, le Dr Ben Youssouf Keita, médecin généraliste et figure respectée du corps médical guinéen, a tiré la sonnette d’alarme face à la recrudescence des maladies hydriques et diarrhéiques durant la saison pluvieuse. Il a dressé un tableau préoccupant, insistant sur les gestes simples mais essentiels pour prévenir ces pathologies évitables.
Selon lui, la principale cause de ces maladies reste la mauvaise qualité de l’eau consommée ou utilisée au quotidien. « Les maladies hydriques ou diarrhéiques sont dues à la consommation ou à l’utilisation d’une eau insalubre. Pendant la saison des pluies, on observe aussi une recrudescence du paludisme à cause des flaques d’eau stagnante où prolifèrent les moustiques. Par ailleurs, les eaux de ruissellement charriant détritus et déchets domestiques aggravent la situation. Il n’est pas rare de voir des familles jeter leurs ordures, voire des déchets humains, dans les caniveaux lors des fortes pluies. Cette pollution de l’eau favorise la contamination orale et entraîne des maladies comme la typhoïde. Avec les restes d’animaux abandonnés un peu partout, le risque de réapparition du choléra reste élevé, même si, fort heureusement, le ministère de la Santé a réussi à maîtriser cette maladie depuis plus de deux ans. Enfin, en saison pluvieuse, les risques d’ingérer des aliments contaminés par les mouches ou manipulés avec des mains sales augmentent considérablement », a-t-il expliqué.
Parmi les pathologies les plus courantes, le Dr Keita cite la fièvre typhoïde et les gastro-entérites, maladies diarrhéiques souvent accompagnées de vomissements. « Elles peuvent être causées par la mauvaise qualité de l’eau, mais aussi par l’intoxication alimentaire. Ce sont ces maladies, en plus du paludisme et du choléra, qu’on rencontre le plus fréquemment en saison des pluies », a-t-il précisé.
Face à ces risques, le médecin recommande des mesures de prévention simples, mais efficaces. « D’abord, il faut éviter la stagnation des flaques d’eau autour des habitations afin de limiter la prolifération des moustiques et, par conséquent, du paludisme. Ensuite, il est impératif de se laver les mains avant tout repas. Enfin, les aliments crus doivent être soigneusement lavés avant consommation », a conseillé Dr Ben Youssouf Keita.
Il a également réagi à une scène devenue virale, filmée récemment au marché du KM36, dans la périphérie de Conakry, où une vendeuse rinçait des feuilles de patate douce dans l’eau sale d’un caniveau. Ce geste, fait-il remarquer, constitue un véritable danger sanitaire. « Si nos mamans achètent ces feuilles, elles doivent impérativement les désinfecter, par exemple avec de l’eau de javel diluée, puis bien les laver avant de les cuisiner », a conseillé le médecin.
En outre, le Dr Keita appelle les autorités à prendre leurs responsabilités : « L’État doit curer régulièrement les caniveaux et s’assurer que l’eau de pluie ne stagne pas dans les quartiers, afin de réduire les risques sanitaires en cette période critique ».
Djenaba Diakité