“Au cimetière de la pellicule”, le film guinéen qui conquiert les sommets du cinéma mondial

“Au cimetière de la pellicule”, le film guinéen qui conquiert les sommets du cinéma mondial

« Au cimetière de la pellicule », chef-d’œuvre de Thierno Souleymane Diallo, explore la mémoire oubliée du cinéma guinéen. Lauréat de 12 prix internationaux, ce film-documentaire retrace la quête du premier film d’Afrique francophone noire, entre passion, histoire et résilience.

Primé à douze reprises depuis sa sortie en 2023, dont la dernière à la SCAM 2025, le film Au cimetière de la pellicule continue de collectionner les récompenses. Un chef-d’œuvre du réalisateur Thierno Souleymane Diallo qui n’a pas fini de truster les sommets du cinéma africain et mondial.

La renaissance du 7ᵉ art guinéen

Produit en 2023, Au cimetière de la pellicule connaît un succès retentissant. De sa production à son lancement, l’œuvre a obtenu pas moins de 12 prix sur la scène internationale. Un film qui trouve son histoire dans les origines du cinéma guinéen et africain. Entre quête et résilience, le film Au cimetière de la pellicule nous plonge dans une quête fascinante et poignante : celle du premier film réalisé par un cinéaste d’Afrique francophone noire, Mouramani de Mamadou Touré, tourné en 1953 à Paris (France). 

Thierno Souleymane Diallo est le réalisateur du film. « Au cimetière de la pellicule, c’est un film sur l’histoire du cinéma en Guinée. En fait, j’incarne le personnage de Mamlo qui part à la recherche de Mouramani. Mouramani, c’est le premier film d’Afrique francophone noire produit en 1953 à Paris », explique le réalisateur.

L’idée de ce projet trouve son origine lors de son séjour à Niamey (Niger) dans le cadre de ses études de Master 1. Là, le réalisateur découvre que le premier film d’Afrique francophone noire, Mouramani, a été produit par un Guinéen. 

Cette découverte est d’autant plus frappante qu’il avait déjà étudié l’histoire du cinéma lors de sa formation, mais ignorait totalement l’existence de ce film et de ce cinéaste guinéen. Cela souligne une lacune importante dans la connaissance du patrimoine cinématographique africain et plus particulièrement guinéen, justifiant ainsi sa volonté de partir à la recherche de cette mémoire oubliée.

Le film devient alors le point de départ d’une quête vers la recherche du passé cinématographique guinéen. « Tout le monde en a entendu parler, mais personne ne l’a jamais vu. Donc, partir à la recherche de ce film aussi, c’est aller à la recherche de l’histoire du cinéma guinéen », détaille Thierno Souleymane Diallo.

Pour le réalisateur, cette démarche a pour mission de permettre à la Guinée de retrouver son lustre d’antan. « À partir de l’indépendance, la Guinée a été avant-gardiste au niveau du cinéma. Durant la période de 1958 à 1984, il y a eu plus d’une centaine de films qui ont été produits en Guinée. Que ce soit des films documentaires, des éditions, mais aussi des actualités », explique-t-il.

Ce film retrace le parcours personnel du réalisateur dans la quête du patrimoine cinématographique de la Guinée, mettant en lumière la perte d’une grande partie de ces archives audiovisuelles. « À un certain moment, tous ces actifs audiovisuels ont disparu de la circulation. Donc, partir à la recherche de Mouramani, c’est aussi partir à la recherche de mon passé cinématographique, du passé de mon pays dans le monde du cinéma », justifie M. Diallo.

La Berlinale, une consécration

Au-delà de cette recherche d’une œuvre perdue, le film Au cimetière de la pellicule se révèle être une réflexion profonde sur la mémoire, l’héritage cinématographique et la situation du septième art en Guinée. « Ce film, c’est non seulement une histoire du cinéma guinéen, mais aussi de cette génération d’artistes qui ont envie de faire des films et qui ne savent pas comment le faire, avec lesquels on se dit : “Oui, c’est possible, même si tout n’est pas là, mais c’est possible de parler au monde” », explique le réalisateur.

Le film a été salué, remportant une douzaine de distinctions. Le point culminant de cette reconnaissance a été sa nomination et son succès au Festival international de Berlin, un des trois plus grands festivals de cinéma au monde. Une consécration qui constitue la marche vers les sommets. « Mon film a été super bien accueilli. Il est sorti à Berlin, au Festival international de Berlin en 2023. C’est l’un des trois plus grands festivals de cinéma au monde. Il est reparti avec un prix du public. Ce n’est pas quelque chose de moindre, c’est plus de 20 000 personnes qui votent », fait-il remarquer.

À cela s’ajoutent des récompenses au Festival panafricain du cinéma à Ouagadougou (FESPACO) au Burkina Faso, à La Rochelle (France). Un motif de satisfaction pour le réalisateur. « Être primé au FESPACO, répondre à des festivals comme La Rochelle, c’est beaucoup de monde, c’est beaucoup de choses. Donc, pour moi, c’est le travail que je voulais : remettre la Guinée sur l’échiquier international », confie Thierno Souleymane Diallo.

« Il y a eu pas moins de trois prix qui sont liés à des prix du public, notamment à Cologne et Hambourg en Allemagne. Il est sorti en salle, il est passé sur des télévisions, que ce soit des télévisions françaises, mais aussi des télévisions françaises tournées vers le continent, que ce soit Canal+ Cinéma, TV5 Monde. Au cimetière de la pellicule, c’est plus de douze prix. Donc, ce n’est pas un film où on est en train de chercher à vouloir faire bien les choses », précise le réalisateur.

Passionné par le cinéma dès son plus jeune âge, et ayant suivi une formation dans le domaine, Thierno Souleymane Diallo est l’un des réalisateurs qui portent haut les couleurs du cinéma guinéen. Au cimetière de la pellicule marque un tournant prometteur dans sa carrière. Une œuvre qui parcourt le temps avec passion pour redonner vie au cinéma guinéen.

Mamadou Gongorè Diallo