Koumakan, la Maison de l’oralité et du patrimoine fondée par Moussa Doumbouya alias Petit-Tonton, œuvre à Conakry pour préserver et transmettre l’identité culturelle guinéenne à travers contes, chants, proverbes et créations artistiques, malgré un manque de moyens.
Dans une société où les valeurs culturelles sont de plus en plus menacées, Koumakan – ou la Maison de l’oralité et du patrimoine – fondée par Moussa Doumbouya, alias Petit-Tonton, se distingue par ses actions en faveur de la préservation de l’identité culturelle guinéenne. Cette structure se veut la gardienne des savoir-faire ancestraux et œuvre pour une reconnexion profonde aux racines culturelles.
Basé à Conakry, Koumakan est une structure innovante et engagée, mobilisant les jeunes artistes issus de différentes disciplines autour d’un idéal commun : faire vivre et rayonner la culture guinéenne.
Un espace d’expression et de transmission intergénérationnelle
« Koumakan, à la base, c’est une association artistique et culturelle, qui réunit des artistes de différentes disciplines : conteurs, slameurs, auteurs, humoristes, metteurs en scène, et passionnés des arts et de la culture », explique Moussa Doumbouya, conteur, comédien, auteur de livres de contes, médaillé des Jeux de la francophonie et fondateur de la Maison de l’oralité du patrimoine.
Depuis sa création, Koumakan s’impose à travers de nombreux programmes valorisant la culture guinéenne. « Après plusieurs années d’existence, nous avons travaillé sur plusieurs projets : la Grande Nuit du conte, les veillées de contes, les contes comme outil pédagogique à l’école, la collecte de cantiques, de berceuses... C’est ainsi que nous avons décidé d’avoir un lieu dédié, qui s’appelle aujourd’hui la “Maison de l’oralité et du patrimoine” », détaille-t-il.

Petit-tonton
Au-delà de ses activités initiales, Koumakan a su créer des passerelles entre les générations, réunissant des artistes émergents comme Striker, Dimedi Slam, ou l’humoriste Bappa Oumar, et des figures de l’ancienne génération.
« Koumakan, c’est aussi un pont entre les cultures, entre les artistes guinéens, entre les différentes générations. À travers nos projets, nous collaborons avec divers artistes. Nous essayons de connecter les jeunes artistes à l’ancienne génération. Nous proposons des espaces de résidence, de répétition… », précise “Petit-Tonton”.
Un engagement résilient malgré les faibles moyens
Confronté à des difficultés financières chroniques, Koumakan fonctionne grâce aux moyens limités de ses membres. « Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas de subvention. Nous avons cherché un bâtiment du patrimoine bâti pour y implanter le projet, sans succès. Mais cela ne nous a pas empêchés d’économiser sur nos cachets, sur les services que nous proposons, pour louer une villa. Vous savez ce que cela implique comme charges… Il y a de vraies difficultés de financement. Pour que ce projet se développe et bénéficie à un large public, il faut du soutien. Nous faisons avec nos moyens, mais ce n’est pas suffisant. Aujourd’hui, tout demande des ressources. Le vrai défi, c’est le manque de soutiens, comme des subventions », déplore Moussa Doumbouya.
Concernant les perspectives, il ambitionne de « trouver un lieu plus grand, capable d’accueillir davantage de monde, et avoir les moyens de collecter, dans les profondeurs de la Guinée, tout ce qui peut relever du patrimoine immatériel : contes, comptines, berceuses, proverbes (…) Tout ce qui disparaît peu à peu ».
« À Koumakan, je retrouve mon village »
Loin de son village natal, Mohamed Hawa Touré, cadre dans l’administration publique, fréquente régulièrement Koumakan pour rester connecté aux valeurs culturelles de son terroir. « Souvent, les vendredis, je prends part aux activités de Koumakan. C’est comme si c’est dans notre village. Quand j’y vais, j’ai l’impression d’être chez moi à Beyla. On y trouve du fonio, du tô, des calebasses, de l’eau dans les canaris… Et vous savez, un peuple sans culture devient une foule. Et une foule, c’est manipulable et sans mémoire. À la Maison de l’oralité, nous apprenons notre histoire, celle de nos ancêtres, à travers les contes, les chants, et surtout les proverbes, que j’adore. Franchement, Petit-Tonton contribue énormément au développement de la culture guinéenne », confie cet interlocuteur.
Avec conviction, Moussa Doumbouya alias Petit-Tonton rappelle l’importance de la participation citoyenne dans la valorisation du patrimoine culturel guinéen.
Ainsi, il lance un appel à l’implication de toutes les composantes de la société guinéenne dans la promotion de la culture nationale.
Doussouba Nènè Konaté