À Kankan, plusieurs écoles primaires publiques se dégradent dans l’indifférence. Murs fissurés, toitures rouillées et manque d’équipements exposent élèves et enseignants à des conditions d’apprentissage précaires malgré les appels à l’aide restés sans réponse.
Les élèves guinéens viennent de reprendre le chemin de l’école. Si certains établissements publics ont fait peau neuve, d’autres se trouvent dans un état loin d'être reluisant. C'est le cas dans la commune urbaine de Kankan, où plusieurs écoles primaires publiques présentent un visage pas tout à fait correct. Malgré les multiples appels à l’aide, ces établissements continuent de se détériorer, exposant enseignants et élèves à des conditions d’apprentissage difficiles.
Dans l’enceinte du camp Soundiata Kéita, deux écoles primaires publiques portant le même nom accueillent chaque année des centaines d’élèves dans des salles fissurées et des bâtiments à la toiture rouillée.
À proximité du centre islamique, l’école primaire Sanfil fait face à la même situation. Murs délabrés, bancs cassés, plafonds percés : tout témoigne d’un manque criant d’entretien. Dans ces écoles, le peu de mobilier existant est vétuste et inadapté aux besoins des apprenants.
Des conditions d’apprentissage précaires

Construite en 1961, l’école primaire Soundiata 1 n’a jamais bénéficié d’une rénovation complète. Malgré tout, le personnel tente de maintenir un minimum de conditions d’accueil. « Nous nous efforçons d’entretenir ce que nous avons à notre niveau pour pouvoir recevoir les élèves », confie Ibrahima Kourouma, enseignant dans l’établissement.
Le cycle primaire devrait disposer d’au moins six salles de classe, mais l’école n’en compte aujourd’hui que quatre. Ce manque pousse à instaurer un système de rotation entre les élèves. « Nous faisons face à d’énormes difficultés. Nous avions huit salles auparavant, mais seules quatre sont encore utilisables. Les murs et les tôles ne tiennent plus. Voir les enfants étudier ici est vraiment risquant », déplore le directeur, qui dit limiter désormais les inscriptions faute d’espace disponible.
À l’école Sanfil, la situation n’est guère meilleure. L’établissement, situé au quartier Météo, n’est pas clôturé et fait face à une route très fréquentée. La sécurité des enfants est une préoccupation constante, au même titre que le manque d’infrastructures adaptées.
Des appels à l’aide restés sans suite

Malgré quelques projets de rénovation dans la ville, les demandes répétées du personnel de Soundiata 1 n’ont toujours pas trouvé de réponse favorable. « Les autorités éducatives et administratives sont au courant. Beaucoup pensent que c’est à l’armée de rénover parce que nous sommes dans l’enceinte du camp. Ce qui n’est pas le cas », explique avec amertume Ibrahima Kourouma.
Cette réalité ne laisse pas indifférents certains acteurs de la société civile. À Kankan, l’ONG ASAMI (Agir pour la Santé Maternelle et Infantile) s’est récemment illustrée en rénovant le mur de l’école primaire de Kabada 2. Son directeur exécutif invite les autorités et les bonnes volontés à venir en aide aux élèves de ces écoles. « Il est urgent de restaurer ces établissements pour offrir aux enfants un cadre d’apprentissage digne et sécurisé », a-t-il confié.
Michel Yaradouno