Kindia : entre micro et rizière, le double engagement d’Ismaël Khatia Sylla
À Kindia, Ismaël Khatia Sylla conjugue journalisme et agriculture. Entre micro et rizière, il incarne une jeunesse fidèle à ses racines.
Aïcha Barry, pompiste à Conakry, brise les stéréotypes et inspire les femmes guinéennes à investir les métiers dits masculins. Découvrez son parcours de courage et d’émancipation.
En Guinée, les métiers dits « masculins » séduisent de plus en plus de femmes. Elles sont mécaniciennes, vitrières, conductrices de transport en commun… Dans le paysage urbain, un autre visage féminin s’impose : c’est celui des pompistes ! Au niveau de nombreuses stations-service à Conakry et à l’interieur du pays, des femmes sont désormais de plus en plus visibles, incarnant une dynamique professionnelle et sociale en pleine mutation.
Longtemps considéré comme une « chasse gardée des hommes », le métier de pompiste est aujourd’hui, pour de nombreuses femmes, non seulement une passion mais aussi un moyen concret d’accéder à l’autonomie financière. C’est le cas d’Aïcha Barry, qui manie le pistolet à carburant avec assurance depuis bientôt un an et demi, défiant les stéréotypes et incarnant un symbole vivant d’émancipation féminine.
Aujourd’hui pompiste dans une station-service d’un quartier populaire de Conakry, Aïcha Barry, 28 ans et célibataire, a fait ses premiers pas dans le métier aux côtés de son père, vendeur d’essence au marché noir. « Mon père vendait de l’essence au marché noir. En l’aidant au quotidien, j’ai fini par aimer ce travail. Quand il est tombé malade, j’ai repris la direction de son activité et j’ai vendu du carburant pendant deux ans dans l’informel. Plus tard, j’ai approché le responsable de cette station où je m’approvisionnais souvent pour lui demander de m’embaucher. Je voulais des revenus plus stables et m’éloigner de la clandestinité. Voyant ma passion et ma détermination, il m’a acceptée, après m’avoir formée à la sécurité, à la manipulation des équipements et à l’accueil des clients », raconte-t-elle.
Travaillant huit heures par jour, parfois de 15 h à 23 h, avec seulement trois jours de repos par mois, Mademoiselle Barry, qui a quitté l’école très tôt, reste motivée. Elle encourage les femmes et les jeunes filles à oser investir des domaines encore considérés comme masculins, malgré les contraintes et les obstacles. « Le travail n’a pas de genre. Si un métier ou une activité vous attire, il faut croire en soi, ignorer les préjugés et avoir l’audace de se lancer. Être pompiste n’est pas facile : les heures sont longues, la clientèle parfois difficile, et la fatigue se fait sentir. Mais le travail vaut mieux que rester à la maison. Je continue donc, avec ponctualité et courage », confie-t-elle.
Face à l’oisiveté et à la mendicité grandissante au sein de la jeunesse guinéenne, Aïcha lance un message fort : « L’oisiveté ou la mendicité n’apportent rien de bon. Seul le travail paie. Il faut se battre pour gagner sa vie, aider sa famille et contribuer à la société. Je demande aux femmes et aux jeunes de prendre leur courage à deux mains et d’exercer une activité, quelle qu’elle soit, pour ne pas dépendre des autres. Qu’on vende ou qu’on exerce un métier, l’essentiel est de se battre plutôt que de rester à la maison ».
Aujourd’hui, derrière chaque plein d’essence qu’elle sert, Aïcha Barry alimente aussi un autre moteur : celui de l’émancipation féminine en Guinée. Entre la chaleur des pompes et le parfum entêtant du carburant, elle prouve que les rêves n’ont ni uniforme ni genre, seulement du courage et de la persévérance.
Morlaye Keita