La gestion des déchets liquides à Conakry est devenue un défi de santé publique majeur. La mauvaise gestion de ces déchets, souvent négligés, constitue une menace grave pour la santé des populations et pour l'environnement. Notre rédaction a pris le temps d'explorer cette problématique
La gestion des déchets liquides à Conakry, notamment ceux issus des fosses septiques et des eaux usées domestiques, est devenue un défi de santé publique majeur. La mauvaise gestion de ces déchets, souvent négligés, constitue une menace grave pour la santé des populations et pour l'environnement. Notre rédaction a pris le temps d'explorer cette problématique en s’entretenant avec des experts du secteur et des riverains exposés à ces eaux polluées et nauséabondes dans la capitale guinéenne.
Les déchets liquides englobent des éléments tels que les eaux usées domestiques, les effluents industriels et les boues des fosses septiques. Lorsqu'ils sont mal collectés ou non traités, ces déchets deviennent des vecteurs de contamination, propices à la propagation de maladies telles que le choléra, l'hépatite et les infections respiratoires.
Association des vidangeurs de Guinée. Malick Diakité/Idimidjam.com
L'Association des Vidangeurs de Guinée, qui regroupe les professionnels en charge de la collecte et de l'évacuation des déchets liquides, joue un rôle crucial dans ce processus. « Lorsque la fosse septique est pleine, ce sont nos opérateurs que vous appelez pour effectuer la vidange. Ce travail commence dès qu’un besoin d’évacuation de déchets liquides se fait ressentir, que ce soit à domicile, dans une entreprise ou sur un chantier. Ces déchets sont classés en différentes catégories : ceux des ménages, des latrines et des eaux pluviales usées. Nous assurons leur collecte, leur transport et leur traitement en toute sécurité », explique Ousmane Diallo, le président de l’association.
L'un des défis majeurs est le manque d'infrastructures adéquates pour gérer ces déchets de manière optimale. Actuellement, les sites désignés par l'État sont utilisés pour déposer les déchets, mais ces zones ne sont pas toujours proches des habitations. « Les sites que nous avons identifiés sont éloignés des zones résidentielles. C’est le cas de Sonfonia, qui a été aménagé pour ce type de déchets », précise-t-il.
Ousmane Diallo. Malick Diakité/Idimidjam.com
À Kaloum, une exception à cette règle existe : un réseau souterrain d'évacuation a été installé et entretenu par l'État, permettant ainsi aux bâtiments d’être raccordés sans avoir recours à des fosses septiques. Le président de l’Association des Vidangeurs de Guinée précise que l'entretien de ce réseau est entièrement financé par l'État. Ce qui permet à la population d’en bénéficier sans frais supplémentaires.
L’importance de la sensibilisation des citoyens face aux risques sanitaires liés à une mauvaise gestion des déchets liquides est un point sur lequel les professionnels insistent. « Il est crucial de mener une campagne de sensibilisation pour informer les citoyens des dangers liés à la mauvaise gestion de ces déchets, qui affectent leur santé et leur environnement », conclut M. Diallo.
Dr Abdoulaye Camara, médecin généraliste et ancien médecin traitant à l'hôpital national Donka, rappelle que les déchets liquides, constitués à 90% d'eaux usées, contiennent des matières organiques et des micro-organismes (bactéries, virus, parasites, champignons) qui représentent un danger sanitaire considérable.
En plus des infections telles que le choléra, la typhoïde et la diarrhée, la stagnation des eaux usées peut favoriser le paludisme. Il met également en avant les risques dermatologiques : « Le contact direct avec ces déchets peut entraîner des éruptions cutanées et des inflammations ».
Les impacts respiratoires sont également préoccupants : les gaz émis par ces déchets peuvent provoquer des infections respiratoires telles que la bronchite et la pneumonie. Les nuisances olfactives liées à ces eaux nauséabondes affectent aussi la santé mentale des riverains, provoquant stress, anxiété et dépression à long terme.
Dr Abdoulaye Camara. Malick Diakité/Idimidjam.com
Le médecin appelle les autorités à agir rapidement. « Il est essentiel de mettre en place des systèmes de traitement efficaces pour éviter la contamination de la nappe phréatique et préserver l'écosystème. Il est également crucial de soutenir les initiatives qui améliorent l’accès à l’eau potable, tout en sensibilisant la population aux bonnes pratiques d’hygiène », ajoute Dr Camara.
Les citoyens vivant à proximité de ces eaux stagnantes expriment leur désespoir. C’est le cas d’Ahmed Tidiane Camara, docker. « Les eaux stagnantes, avec leur odeur insupportable, sont un calvaire au quotidien. Ces eaux proviennent des toilettes, et il est inacceptable de vivre à proximité de telles nuisances. Si les autorités pouvaient intervenir, ce serait un soulagement pour nous », souligne-t-il.
Ahmed Tidiane Camara. Malick Diakité/Idimidjam.com
Malgré les efforts, la gestion des déchets liquides reste un problème majeur à Conakry, mettant en péril la santé des habitants et l’environnement. Il est impératif que les autorités prennent conscience de l’urgence de cette situation et déploient des solutions durables pour une gestion adéquate des déchets.
Car la mauvaise gestion des déchets liquides à Conakry constitue un risque sanitaire majeur, qui touche la population de la ville. Les autorités doivent rapidement mettre en place des infrastructures adaptées et renforcer la sensibilisation pour protéger la santé des citoyens et préserver l’environnement.
Une gestion sérieuse et durable de ces déchets est essentielle pour garantir une meilleure qualité de vie à tous les habitants de la capitale.
Malick Diakité
