L'athlète guinéenne Fatoumata Balley ou la résilience à toute épreuve

L'athlète guinéenne Fatoumata Balley ou la résilience à toute épreuve

Rescapée d’un accident dans son enfance, Fatoumata Balley est devenue la première Guinéenne finaliste d’un championnat du monde d’athlétisme.

Première athlète guinéenne finaliste d’un championnat du monde, Fatoumata Balley incarne la ténacité et l’ambition. Rescapée d’un accident domestique dans son enfance, elle vise désormais les sommets de l’athlétisme mondial.

Une enfance marquée par l’adversité

Née à Conakry d’un père béninois et d’une mère guinéenne, Fatoumata Balley n’était pas destinée à une carrière sportive. À 18 mois, elle ingère accidentellement de la soude caustique, un drame qui l’oblige à être évacuée en France pour y suivre un long traitement. C’est là qu’elle grandit, entre soins médicaux et passion pour le sport. « J’ai toujours été une enfant très sportive : handball, danse, badminton… J’ai tout essayé », confie-t-elle.

Si elle débute l’athlétisme très jeune, elle abandonne momentanément, lassée par la course. Ce n’est qu’à 14 ans, sur les conseils de son professeur d’EPS, qu’elle reprend la discipline et s’oriente vers le saut en hauteur.

Une ascension semée d’embûches

Le parcours de Fatoumata Balley est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Entre problèmes de santé, manque de soutien et absence de sponsors, elle doit se battre pour exister dans le haut niveau. « Au début, je ne pensais pas devenir une grande athlète. Mais les résultats ont suivi, et j’ai compris que je pouvais rivaliser avec les meilleures », explique-t-elle.

Ses performances parlent d’elles-mêmes : 1m80, puis 1m86 en saut en hauteur, juste avant les Jeux olympiques de Paris. Elle rate la qualification de peu, mais rebondit à Tokyo, où elle atteint la finale des championnats du monde et se classe 12ᵉ mondiale, une première pour la Guinée.

Une athlète multifacette

En parallèle de sa carrière sportive, Fatoumata est aussi mannequin. En 2023, elle a été élue deuxième dauphine de Miss Guinée en France.

Détentrice d’un Bac+5 startup management, elle incarne une jeunesse ambitieuse et polyvalente. « Je suis reconnaissante envers ma famille qui m’a soutenue malgré les difficultés financières. Sans elle, rien n’aurait été possible », souligne la sportive.

Un mérite enfin récompensé

Celle qui s'est qualifiée pour la finale du championnat du monde d'athlétisme de Tokyo sans sponsors, ni équipementier, encore moins un agent sportif, a bénéficié d'une bourse de la solidarité olympique octroyée par le Comité international olympique. « C’est une aide précieuse. Elle va me permettre de me consacrer pleinement au sport, sans les tracas matériels », se réjouit-elle.

Objectif Los Angeles 2028

Fatoumata Balley ne compte pas s’arrêter là. Elle vise désormais une qualification historique pour les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. D’ici là, elle ambitionne de décrocher l’or aux Jeux islamiques de Riyad en novembre, ainsi qu’aux championnats d’Afrique et aux élites nationales en France.

Classée parmi les 12 meilleures sauteuses en hauteur au monde et 3ᵉ sur le continent africain, Fatoumata Balley est devenue un symbole d’espoir pour l’athlétisme guinéen. « C’est une fierté. Je veux prouver que tout est possible, pour moi, pour la Guinée, et pour tous les jeunes qui rêvent grand », la jeune femme.

Mamadou Gongorè Diallo