Décharge de Dar-es-Salam : quand la pluie charrie les ordures jusque dans les maisons…

 Décharge de Dar-es-Salam : quand la pluie charrie les ordures jusque dans les maisons…

À Conakry, les habitants de Dar-es-Salam suffoquent entre fumées toxiques et eaux souillées d’une décharge vieille de 40 ans, toujours en attente de fermeture.

Entre fumées toxiques en saison sèche et eaux souillées pendant l’hivernage, les habitants de ce quartier populaire de Conakry vivent au rythme des nuisances d’une décharge vieille de près de quarante ans. Une fermeture est annoncée, mais l’attente se prolonge.

Sur les hauteurs boueuses de Dar-es-Salam, l’odeur prend à la gorge avant même de voir le dépotoir. Depuis 1987, cette montagne d’ordures trône au cœur de Conakry. En cette saison des pluies, elle se transforme en un gigantesque réservoir d’eaux sales qui s’infiltrent jusque dans les maisons.

Morlaye Keita, jeune habitant du quartier, désigne du doigt un amas de déchets détachés de la décharge : « Ici, pendant la saison sèche, il n’y a que de la fumée et trop de moustiques. Mais quand il pleut, l’eau rentre chez nous avec des poubelles entières. On vit ça chaque année ».

À quelques mètres, Hassane Ramadane Diallo tente de traverser une flaque sombre où flottent des sacs plastiques.

« Les eaux de ruissellement rendent tout déplacement difficile. Et pendant la saison sèche, c’est la fumée qui nous étouffe. On respire de la poussière et de la cendre. Les problèmes sont énormes, on ne peut pas tout dire », confie-t-il.

Un double calvaire

Femmes, enfants, jeunes ou vieux… personne n’est épargné. L’hiver, ce sont les odeurs pestilentielles et les mouches qui s’invitent dans les cuisines. L’été sec, ce sont les fumées toxiques qui enveloppent le quartier.

Mohamed Camara, un autre riverain, raconte : « Pendant la saison pluvieuse, nos femmes cuisinent difficilement, il y a des grosses mouches partout. Et cette odeur… Tout le monde tombe malade. Quand on va à l’hôpital, les médecins croient qu’on fume. En réalité, c’est la décharge qui nous tue à petit feu ».

Une fermeture promise, mais pas encore réalisée

Chaque jour, avant l’annonce de sa fermeture, la décharge recevait plusieurs dizaines de tonnes d’ordures de toute la capitale. Un cocktail explosif pour la santé publique : maladies pulmonaires, infections cutanées, asthme… La liste est longue.

Le jeudi 31 juillet 2025, le Premier ministre Amadou Oury Bah, en visite sur les lieux, a confirmé la décision du général Mamadi Doumbouya de fermer le site. Mais, pour l’instant, les habitants de Dar-es-Salam doivent encore prendre leur mal en patience.

Mariama Oury Diallo