Guinée : les biologistes médicaux en quête de reconnaissance et de moyens
La biologie médicale, pilier du système de santé en Guinée, reste sous-évaluée. Découvrez son rôle clé, ses défis et les revendications des biologistes.
Le paracétamol, largement utilisé et recommandé pendant la grossesse, suscite des rumeurs sur ses effets sur le sexe ou l’identité de genre des enfants. Le Dr Mohamed Diarra Camara explique qu’aucune preuve scientifique ne confirme ces affirmations, mais rappelle l’importance d’un usage modéré et encadré médicalement.
Accessible sans ordonnance et largement utilisé, le paracétamol – également appelé acétaminophène – est l’un des médicaments les plus consommés pour soulager la douleur et faire baisser la fièvre. Recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme traitement de première intention pour les douleurs légères à modérées, il se retrouve dans de nombreux foyers. Mais une rumeur persistante vient ternir son image : sa prise pendant la grossesse provoquerait la naissance de « plus de filles » ou de « garçons efféminés ». Cette affirmation, qui circule sur les réseaux sociaux et dans certaines communautés, inquiète de nombreuses futures mères.
Pour démêler le vrai du faux, IdimiJam.com a interrogé le Dr Mohamed Diarra Camara, pharmacien et titulaire d’un master en toxicologie à l’Université Joseph Ki-Zerbo du Burkina Faso.
« À ce jour, il n’existe aucune preuve scientifique solide permettant d’affirmer que le paracétamol pendant la grossesse provoque l’efféminement des garçons », tranche le spécialiste. Toutefois, il reconnaît que certaines études ont soulevé des interrogations sur les effets potentiels de ce médicament sur le développement du système reproducteur des fœtus masculins, en particulier lorsqu’il est utilisé à forte dose ou sur une longue période, notamment au premier et au deuxième trimestre.
Dr Mohamed Diarra Camara
Selon lui, plusieurs recherches ont observé des corrélations – et non des preuves directes – entre l’usage prolongé du paracétamol pendant la grossesse et certains risques, comme l’asthme chez l’enfant ou des problèmes de santé reproductive chez les garçons (infertilité, cancer des testicules). « Mais ces liens ne concernent pas l’orientation sexuelle ni l’identité de genre, qui sont des phénomènes complexes, influencés par de multiples facteurs biologiques, sociaux et psychologiques », insiste-t-il.
Le Dr Camara rappelle que le paracétamol reste, à ce jour, l’antalgique et l’antipyrétique le plus sûr pendant la grossesse, à condition d’être utilisé à dose modérée et sur une courte durée. « Il ne faut pas en prendre de manière prolongée ou sans avis médical, surtout pendant les premiers mois », prévient-il.
En clair, contrairement aux rumeurs, aucune donnée scientifique ne prouve que le paracétamol influence l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des (futurs) enfants. Mais comme pour tout médicament, un usage excessif pendant la grossesse peut présenter des risques, d’où l’importance de demander conseil à un professionnel de santé avant toute prise.
Elisabeth Zézé Guilavogui