Kindia : la décharge de Koliady, une bombe sanitaire à ciel ouvert

Kindia : la décharge de Koliady, une bombe sanitaire à ciel ouvert

À Kindia, la décharge de Koliady menace la santé des riverains. Moustiques, odeurs et maladies transforment le site en danger public.

À Koliady, quartier de la commune urbaine de Kindia, la décharge communale est devenue une menace quotidienne pour la santé des riverains. L’absence de traitement régulier du site expose les habitants à des piqûres d’insectes et de moustiques, aux odeurs pestilentielles et à un environnement insalubre. Les plus vulnérables, comme les enfants, les femmes enceintes et les personnes malades, sont les premières victimes de cette situation.

Seydouba Sylla, gestionnaire du site, tire la sonnette d’alarme. « Voilà maintenant trois mois que la décharge n’a bénéficié d’aucun traitement, ni désinfection, ni recouvrement de la terre comme cela devrait se faire régulièrement. Nous avons alerté la commune à plusieurs reprises, mais les promesses faites n’ont jamais été tenues. Pendant ce temps, les moustiques prolifèrent, les mouches envahissent les maisons et la santé des habitants se dégrade. Les cas de paludisme augmentent, et les enfants sont les premiers à en souffrir. Si rien n’est fait rapidement, nous risquons une véritable catastrophe sanitaire », a-t-il lancé en guise d’alerte.

Face à cette situation, l’Agence communale de l’eau et de l’assainissement reconnaît les difficultés. Lansana Fadil Camara, directeur de l’agence, affirme que ses équipes tentent de limiter les dégâts. « Nos équipes effectuent toujours le retournement régulier de la terre pour limiter les émanations toxiques et nous distribuons des moustiquaires aux familles riveraines, surtout aux femmes enceintes et aux enfants. Mais la situation reste critique. L’extension anarchique des habitations autour de la décharge complique nos interventions et réduit l’efficacité de nos actions. Nous manquons de moyens techniques et financiers pour assurer un traitement durable. Sans un appui conséquent de la commune et des partenaires, nous ne pourrons pas endiguer ce problème de santé publique », a-t-il reconnu.

Pendant ce temps, les habitants continuent de vivre dans la peur de tomber malades. Aissatou Bangoura, mère de famille, témoigne de sa détresse. « Chaque jour, nous risquons notre santé et celle de nos enfants. Les piqûres de moustiques sont constantes, et nous voyons apparaître des maladies de peau, des diarrhées et des fièvres inexpliquées. Nous n’avons pas le choix, car c’est ici que nous cherchons de quoi manger ou de quoi vendre pour survivre. Mais personne ne pense réellement à nous protéger. Nous avons l’impression d’être abandonnés, comme si notre vie n’avait aucune valeur », raconte-t-elle, les larmes aux yeux.

Pour le Dr Idi Sow, médecin à l’hôpital régional de Kindia, les risques sanitaires sont multiples. « Les déchets organiques en décomposition libèrent des gaz toxiques et attirent insectes, mouches et rongeurs, vecteurs de nombreuses maladies. Si la situation perdure, nous risquons une recrudescence des affections diarrhéiques, des infections respiratoires et même de la fièvre typhoïde », a-t-il averti.

Les autorités locales, les services techniques et les partenaires de développement sont ainsi interpellés pour agir rapidement. Sans solutions durables, la décharge de Koliady pourrait se transformer en foyer de crise sanitaire pour toute la ville de Kindia.

Dobo Zoumanigui