Fièvre typhoïde en Guinée : une lutte pour l'accès à l'eau potable et aux soins

Fièvre typhoïde en Guinée : une lutte pour l'accès à l'eau potable et aux soins

Maladie infectieuse qui persiste dans les pays en développement, la fièvre typhoïde touche chaque année près de neuf millions de personnes dans le monde, causant 110 000 décès. La Guinée figure parmi les pays les plus affectés…

Maladie infectieuse qui persiste dans les pays en développement, la fièvre typhoïde touche chaque année près de neuf millions de personnes dans le monde, causant 110 000 décès. La Guinée figure parmi les pays les plus affectés, en raison des défis liés à l'accès à l'eau potable et aux infrastructures sanitaires de qualité. Bien que des progrès aient été réalisés, les populations guinéennes continuent de souffrir de cette maladie pourtant évitable. Cet article s'intéresse aux causes et aux symptômes de la typhoïde, aux défis de sa prévention, ainsi qu’aux solutions envisagées pour réduire son impact.

La fièvre typhoïde est causée par la bactérie ‘’Salmonella typhi’’, qui se propage par des aliments ou de l'eau contaminés. Les symptômes incluent une forte fièvre persistante, des maux de tête, des douleurs abdominales et des troubles digestifs tels que la constipation ou la diarrhée. Si elle n'est pas traitée, la maladie peut entraîner des complications graves, voire mortelles. Le Dr Moussa Diallo, spécialiste en maladies infectieuses, explique : « La fièvre typhoïde est particulièrement dangereuse dans les contextes où l'eau potable et l'hygiène alimentaire font défaut, car elle se transmet rapidement entre les personnes ».

En Guinée, les risques de contracter la typhoïde sont accrus dans les zones où les infrastructures d'eau et d'assainissement sont insuffisantes. Un habitant sur trois n'a pas accès à de l'eau propre. Ce qui augmente les risques de transmission. Cette situation favorise aussi la propagation de bactéries résistantes aux antibiotiques, compliquant le traitement des cas de typhoïde.

Des vies bouleversées

Mariame Souaré, 26 ans, a contracté la fièvre typhoïde dans son village situé dans la préfecture de Forécariah, à une centaine de kilomètres du centre-ville de Conakry. Elle raconte son calvaire : « J’ai eu des symptômes pendant plusieurs jours avant de pouvoir consulter un médecin. J'ai dû faire plus de 50 kilomètres pour trouver un centre de santé. La maladie m’a affaiblie et m'a fait manquer de nombreux jours de travail ». Dans de nombreux cas, comme celui de Mariame, le manque de services de santé de proximité et les longues distances rendent l'accès aux soins difficile, retardant le diagnostic et le traitement.

Un autre patient, Amadou, 35 ans, partage une expérience similaire : « Dans notre communauté, l'eau vient d'un puits que nous savons insalubre. Après des semaines de fièvre et de douleurs abdominales, on m’a diagnostiqué la typhoïde. Depuis, j’ai peur de consommer l’eau du puits. Mais nous n’avons pas d'autre source, car même l’eau du forage provient d’un puits. C’est extrêmement compliqué ». Ce manque d'accès à une eau de qualité constitue une entrave majeure à la prévention de la typhoïde en Guinée.

Les efforts du gouvernement et les défis persistants

Face à cette situation alarmante, les autorités guinéennes ont lancé des initiatives pour améliorer l'accès à l'eau potable et sensibiliser les populations. Selon un cadre du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, contacté par la plateforme IDIMIJAM.COM qui a requis l’anonymat, le gouvernement travaille en partenariat avec des organisations internationales pour mettre en place des infrastructures d'eau potable et sensibiliser les citoyens aux bonnes pratiques d'hygiène. « Toutefois, admet-t-il, les efforts sont entravés par des ressources limitées et la lenteur de mise en œuvre des projets d’assainissement ».

Le 23 octobre 2024, la plénière du Conseil national de la transition a examiné et débattu d’un accord de prêt entre la République de Guinée et la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC). Ce prêt, d’un montant de 35 375 000 dollars américains, vise à financer un projet ambitieux de construction de 150 forages équipés de pompes manuelles et de 100 adductions d’eau potable dans les régions de Haute-Guinée et de Guinée Forestière.

Mais malgré les campagnes de vaccination contre la typhoïde, les centres de santé restent souvent sous-équipés pour offrir des vaccins, et peu de familles guinéennes peuvent se permettre des traitements antibiotiques réguliers. « Il est urgent d'élargir la couverture vaccinale et d'assurer un accès aux antibiotiques pour éviter des complications graves chez les patients », souligne Dr Diallo.

Renforcer les mesures d'hygiène et l'accès aux soins pour prévenir la fièvre typhoïde

La prévention de la fièvre typhoïde repose sur des pratiques d’hygiène et un accès à une eau propre. En milieu urbain, les populations sont encouragées à adopter de meilleures pratiques, comme le lavage régulier des mains et la consommation d'eau bouillie. Dans les écoles, les campagnes de sensibilisation visent également les enfants. Car la typhoïde les affecte plus gravement.

Vers un avenir sans typhoïde ?

La lutte contre la fièvre typhoïde en Guinée nécessite des actions continues et coordonnées. La mise en œuvre de programmes d’accès à l'eau potable, la sensibilisation des populations et l’extension des campagnes de vaccination sont des priorités essentielles pour réduire la prévalence de la maladie. Bien que la Guinée figure parmi les 44 pays présentant une forte ou une très forte incidence de fièvre typhoïde, selon les estimations de l’étude mondiale sur la charge de morbidité de 2019, le pays doit intégrer la recommandation de l'OMS qui a préqualifié deux vaccins conjugués contre la fièvre typhoïde : Typbar-TCV (Bharat Biotech International Limited) et TYPHIBEV (Biological E. Limited). Ces vaccins peuvent être administrés aux sujets âgés de 6 mois et plus, et peuvent donc être inclus dans les programmes de vaccination systématique.

Adama Hawa Bah