La colopathie fonctionnelle, également connue sous le nom de « côlon irritable » ou anciennement appelée « colopathie spasmodique », est une pathologie intestinale chronique fréquente qui provoque une série de symptômes désagréables
La colopathie fonctionnelle, également connue sous le nom de « côlon irritable » ou anciennement appelée « colopathie spasmodique », est une pathologie intestinale chronique fréquente qui provoque une série de symptômes désagréables. Parmi ces symptômes, on trouve des ballonnements, des douleurs abdominales, des troubles du transit intestinal tels que la diarrhée ou la constipation, mais aussi d'autres troubles parfois moins évidents comme des maux de tête, de la fatigue, ou des douleurs diffuses. Bien que cette maladie soit fréquemment observée dans de nombreuses populations à travers le monde, elle constitue un véritable défi de santé publique en Guinée, où une part importante de la population est touchée par la maladie.
Dans un entretien accordé à notre rédaction, le Pr. N’Djouriah Diallo, hépato-gastroentérologue, explique que les causes exactes de la colopathie fonctionnelle restent encore floues, mais plusieurs théories ont été avancées pour expliquer son apparition. Une des principales hypothèses repose sur l'existence d'une hypersensibilité viscérale, qui affecterait une grande proportion des patients. « Elle se reconnaît par des douleurs abdominales chroniques, un trouble du transit, qui peut être une constipation, une diarrhée ou une alternance entre les deux, et le ballonnement. C'est cette sensibilité accrue du système digestif qui explique pourquoi des personnes présentant cette pathologie ressentent des douleurs abdominales et des troubles digestifs sans qu'il n'y ait de cause organique apparente. C'est en grande partie ce phénomène qui a conduit à l'appellation actuelle de "syndrome de l'intestin irritable”», explique-t-il.
Pr N’Djouriah, hépato-gastroentérologue
Les gastro-entérologues s'accordent à dire que le stress et les facteurs psychosociaux jouent également un rôle non négligeable en agissant sur le mécanisme. Il est intéressant de noter que les patients en Guinée présentent parfois des symptômes supplémentaires qui n'étaient pas aussi fréquemment observés ailleurs. « Ces symptômes incluent des douleurs ou des inconforts qui concernent l'œsophage, l'estomac, les intestins, le rectum et le côlon (...) Par exemple, des ballonnements au niveau du côlon peuvent engendrer des palpitations cardiaques, provoquant ainsi une sensation de crise cardiaque imminente. Lorsqu'un patient est constipé, la stagnation des selles dans le côlon peut entraîner une hypersécrétion d'eau qui, à son tour, provoque un drainage des matières fécales et peut donner l'impression d'une "fausse dérive". Ces symptômes inhabituels peuvent ainsi compliquer la gestion de la maladie », ajoute le spécialiste.
Un autre aspect souvent négligé de la colopathie fonctionnelle est son impact sur la santé sexuelle des patients. Le Pr. N'Djouriah Diallo a observé que les troubles sexuels peuvent varier en fonction du sexe. Ces troubles sexuels, souvent ignorés, ajoutent une dimension supplémentaire à la souffrance des patients et nécessitent une prise en charge. « Chez les hommes, la maladie peut entraîner une faiblesse sexuelle, mais un symptôme particulier a été relevé en Guinée. Certains hommes atteints de colopathie fonctionnelle subissent une sensation de rétraction de leur sexe dans le ventre, comme si l'organe sexuel se retirait dans l'abdomen. Chez les femmes, des douleurs pendant les rapports sexuels (dyspareunie), ainsi que des sensations de pulsions ou de douleurs aiguës dans la région vaginale, sont fréquemment rapportées. Ce type de douleur est parfois décrit comme une sensation de "choc électrique", et peut conduire à des tensions dans les relations, voire à des ruptures conjugales ».
Pour ce qui est du traitement de la colopathie fonctionnelle, il est important de souligner qu'il n'existe à ce jour aucun remède permettant de guérir définitivement la maladie. Selon le Pr. N’Djouriah Diallo, les traitements actuels sont essentiellement symptomatiques, visant à soulager les manifestations cliniques de la pathologie. Il précise que les médicaments tels que « les antispasmodiques, les anti-diarrhéiques ou les laxatifs peuvent être prescrits en cas de crise pour soulager les symptômes aigus, mais ils ne s'attaquent pas à la cause sous-jacente de la maladie ».
Aussi, sa prise en charge peut être améliorée par une gestion appropriée des symptômes, la réduction du stress et l'adoption d'un régime alimentaire rigoureux. Selon lui, un « déjeuner de prince » est crucial pour bien démarrer la journée, composé de thé, de lait écrémé, d'un morceau de pain léger, de fromage ou de miel, et éventuellement d'une petite portion de viande. Le repas de midi doit être plus consistant, appelé « déjeuner de roi », tandis que le dîner doit être léger, pris de préférence avant 19 heures, car un repas trop lourd en fin de journée peut irriter le côlon. Par ailleurs, le Pr. N’Djouriah Diallo, hépato-gastroentérologue, recommande d'éviter certains aliments « comme le manioc, qui contient de l'amidon, et le gombo, qui est gluant ».
Mariam Kanté
