L'anacarde est une plante hautement prisée par les communautés qui font de l’agriculture pour sa rentabilité, en raison de la forte demande. Elle est également appréciée par les consommateurs. Bien qu’étant une source de richesse agricole, cette plante a des effets sur le sol et le climat.
L'anacarde est une plante hautement prisée par les communautés qui font de l’agriculture pour sa rentabilité, en raison de la forte demande. Elle est également appréciée par les consommateurs. Bien qu’étant une source de richesse agricole, cette plante a des effets sur le sol et le climat.
Cela représente une préoccupation, d’autant plus que nous vivons dans un monde où le réchauffement climatique est un enjeu majeur. À Boké, au nord-ouest de la Guinée, où cette plante est largement cultivée, des effets se font ressentir sur l'écosystème.
Ce qui nous a conduit à aller à la rencontre de Souleymane Mansaré, cadre à l'Agence Guinéenne d’Évaluation Environnementale, une institution publique rattachée au ministère de l’Environnement. « La culture de l'anacarde a un impact sur le sol. Son effet est que cette plante appauvrit le sol en eau. En effet, elle a besoin de beaucoup d'eau pour sa survie. Ainsi, elle puise une quantité importante d'eau dans la nappe phréatique. D’ailleurs, elle n'accepte pas la cohabitation d’autres plantes à ses côtés. C'est pourquoi elle est qualifiée de plante rebelle. Partout où l'anacarde est cultivé, il n'y a pas d'autres espèces, à l'exception de l'anacardium occidentalis, [le nom scientifique de l’anacardier] », explique-t-il.
Ainsi, la présence massive de cette plante peut être nuisible à l'écosystème, mettant notamment en péril la survie d'autres espèces végétales. Au-delà de cet aspect, la culture de l'anacarde peut aussi influer sur le climat et contribuer au réchauffement climatique. « Les plantations, en général, sont désignées comme des pièges à carbone. Le réchauffement climatique est justement une question de carbone et de gaz à effet de serre. Par exemple, une forêt séquestre le carbone qu'elle rejette ensuite. Mais imaginez une forêt où il n'y aurait que de l'anacarde. Nous avons des problèmes avec certaines sociétés : elles trouvent un écosystème préexistant lors de leur installation, où plusieurs espèces de plantes coexistent. Cependant, après l'exploitation [minière], elles ne reboisent qu'avec de l'anacarde. C’est un problème. Mais quand tu leur demandes, elles affirment que c’est la communauté qui le sollicite. Or, pour un reboisement efficace, il faut utiliser les espèces locales qui existaient afin de reconstituer l'écosystème original », insiste M. Mansaré.
La Guinée n’est pas le seul pays à subir les conséquences de cette culture. Une étude publiée en novembre 2023 par MIGHTY EARTH, une organisation mondiale de défense de l’environnement, fait état de problèmes similaires en Côte d'Ivoire.
Dans cette étude intitulée Le casse-tête de l'anacarde, Drissa Coulibaly, professeur et chercheur à l’Université de Korhogo en Côte d'Ivoire, explique l'impact sur la faune : « La végétation indigène soutient plus durablement de pollinisateurs car elle est constituée d’une diversité de plantes mellifères, dont certaines fleurissent même pendant la saison sèche, [alors que les monocultures d'anacardiers] n’abritent que quelques espèces d'abeilles ».
En Côte d'Ivoire, la flore est également touchée, comme l’explique Dramane, un cultivateur de la région du Hambol, au nord du pays. Il a exprimé ses préoccupations à l’équipe de recherche lors d’un entretien en juin 2022. « La culture de l'anacarde a fait fuir les animaux et a fait disparaître certaines espèces végétales. Même les plantes médicinales se font de plus en plus rares, car l’environnement est fragilisé par une utilisation excessive de pesticides » dans la culture de l’anacarde, a-t-il décrit.
Bien que cette culture soit importante pour l’économie, elle doit cependant être pratiquée de manière responsable pour assurer la survie de la planète dans son ensemble. Elle ne doit pas remplacer les forêts.
A. Sylla